Alain Juppé et la société sans projet
La France vit actuellement une période marquée par deux originalités fortes :
- d'une part, le débat d'idées est occupé par des essayistes péremptoires, des éditorialistes ultras face à des politiques que la culture de Gouvernement semble assécher,
- d'autre part, les idéologies hier très fortes en France ont disparu. La société est devenue comme immobilisée en panne de projet.
Les politiques semblent se résigner à une balkanisation des intérêts et à un rôle de conciliateurs voués à trouver des compromis permanents.
Quant à la part de rêve dans ce contexte, elle semble hors de portée, même hors sujet.
Est-il possible de gouverner une société sans projet ?
C'est le vrai défi d'Alain Juppé. Comment exister face à une machine politique si ce n'est par la force d'un projet qui renverse les frontières politiques classiques ?
Dans une démocratie moderne, le dernier exemple fut en 2008 la primaire démocrate avec la compétition Obama / Clinton.
Hillary Clinton avait tout l'appareil démocrate avec elle, derrière elle. Et pourtant, elle a perdu. Parce que Barack Obama a changé la donne de l'élection en la plaçant sur des terrains collectifs nouveaux modifiant les termes de la mobilisation.
En France, en 2017, l'enjeu est analogue pour Alain Juppé : trouver les termes d'un projet collectif qui change la donne de la primaire UMP. S'il y parvient, le succès est possible. S'il n'y parvient pas, le poids de la machine politique fera la différence en faveur de Nicolas Sarkozy montrant que le vrai tournant a été la "présidentielle de l'UMP" et non pas la primaire à venir au sein de l'UMP.