Alain Juppé et la collecte des fonds
Le financement même de la vie politique française est le verrou qui fausse toutes les compétitions. Par le financement public des formations politiques, chaque parti est d'abord un "trésor de guerre".
Devenir chef de parti, c'est l'assurance d'une logistique de campagne qu'aucune autre structure ne peut offrir dans des conditions analogues.
La comparaison des moyens financiers et humains rend la concurrence quasi-impossible entre un chef de parti engagé dans une présidentielle et un prétendant hors parti.
Les partis politiques en France ne sont pas incontournables par leur popularité mais par leur logistique financière et humaine.
Par conséquent, c'est assez surprenant de constater les exploitations médiatiques sur le voyage d'Alain Juppé à New York pour chercher des "fonds". C'est une démarche naturelle, incontournable, obligée puisqu'il ne peut pas financer sa pré-campagne sur les finances des ... contribuables.
C'est ce dernier volet qui est contestable : que les contribuables aient à financer pour des montants considérables des partis politiques qui représentent une part de plus en plus faible de l'opinion réelle.
D'ailleurs ce décalage entre l'audience actualisée d'un parti et les montants des financements publics ne contribue pas à motiver le parti politique détaché de toute obligation de résultat en dehors de rendez-vous électoraux précis.
Une fois de plus, l'hypocrisie française sur la place de l'argent dans la politique frappe et, une fois de plus, c'est dommage qu'il en soit ainsi car les vrais problèmes ne sont pas abordés.