Denis Bonzy : "Gary Hart modèle de Martin O'Malley 2016 ?"
Dès avril, Exprimeo a évoqué l'hypothèse selon laquelle Gary Hart pourrait être la campagne qui inspire celle de Martin O'Malley. Puis cette piste a pris de l'ampleur jusqu'à devenir le thème à la mode de nombreuses chroniques y compris dans Time le 6 mai.
Pourquoi ce thème ?
Non seulement parce que Martin O'Malley tout jeune a appartenu à l'une des équipes de campagne de Gary Hart mais pour 4 raisons fortes qui font que les tendances de la "mode Hart des années 80" sont toujours d'actualité.
1) La bataille contre l'oligarchie : en 1984, Gary Hart sait qu'il doit lutter contre les forces dominantes de l'appareil de son parti. Mondale en est le symbole. Le thème du retour d'un Kennedy existe toujours à cette époque. Bref, Gary Hart veut montrer qu'il n'y a pas de "prédestination" à s'engager dans la course présidentielle. Face à Hillary Clinton, le même thème reste en vigueur et peut-être même encore davantage en 2016 qu'en ... 1984.
2) Gary Hart construit une campagne solidarités + silicon valley. En associant ces deux thèmes, il concilie coeur et efficacité, social et esprit d'initiative. C'est encore une association efficace quand Hillary Clinton représente la bureaucratie fédérale + ... les financiers de Wall Street, ses principaux sponsors officiels !
3) Gary Hart c'est ensuite le charisme d'un candidat décalé. Là encore, le parallèle avec Martin O'Malley est fort. Comme il l'avait été avec la première campagne de Bill Clinton et son saxo qui avait bousculé la primaire démocrate d'alors. Gary Hart tranchait dans le personnel politique américain. Il suffisait d'ailleurs de le rencontrer dans sa "permanence" qu'était souvent le très typique hall d'accueil du Brown Hotel à Denver pour voir immédiatement les différences : tenues vestimentaires, simplicité, facilité d'approche ...
4) C'est l'Amérique des racines. Celle de l'intérieur et pas des Capitales des rivages. La nuance est plus que forte. Là encore, lors de la première campagne de Bill Clinton, la localisation en Arkansas avait beaucoup pesé en sa faveur : un candidat qui connaît le "vrai quotidien", celui des comtés.
D'ailleurs tous ces rappels montrent si besoin était, en énumérant tout ce que la campagne d'Hillary Clinton ne peut plus être à la différence de la première campagne de son mari, combien sa démarche est désormais handicapée face à des tendances de fond.
Tout l'enjeu de Martin O'Malley va résider dans sa capacité à assumer toutes ces différences. Si Gary Hart n'avait pas été emporté par un scandale privé concluant des provocations médiatiques permanentes, il remplissait toutes les qualités pour une performance électorale considérable. C'est le même potentiel qui se profile actuellement chez Martin O'Malley.
Denis Bonzy
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