Tony Blair face à une étape nouvelle de sa carrière

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Tony Blair a écrit aujourd'hui à Ban Ki-Moon (le secrétaire général de l'ONU) pour lui confirmer formellement qu'il renoncerait à son rôle une fois accomplis ses engagements prioritaires en tant qu'émissaire du Quartette, le mois prochain.

Le Quartette pour le Proche-Orient, composé des États-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et de l'ONU, a été fondé en 2002 afin de jouer le rôle de médiateur dans le processus de paix israléo-palestinien.

Secretary Clinton Meets With Quartet Representative Blair

Tony Blair a été nommé à son poste d'envoyé spécial en juin 2007 - après avoir démissionné de ses fonctions à la tête du gouvernement britannique - avec la mission d'organiser l'aide internationale aux Palestiniens et de piloter des initiatives visant à soutenir l'économie et les institutions palestiniennes en préparation de l'éventuelle création d'un État palestinien.

Mais son action a été régulièrement critiquée en raison de l'absence de progrès dans le processus de paix bien que lui-même n'ait aucun rôle formel dans ces négociations.

Il lui était aussi reproché d'entretenir de mauvaises relations avec l'Autorité palestinienne qui dénonçait sa proximité supposée avec Israël.

C'est un tournant majeur dans la carrière de Tony Blair qui essuie ainsi son troisième gros échec.

Le 1er échec a été la dénonciation de son engagement dans la guerre d'Irak. Tony Blair y a laissé alors une grande partie de son image de marque.

Le second échec a été récent lors des élections législatives de mai 2015 en Grande Bretagne. Il a été alors peu sollicité. Bien davantage, il a été ouvertement marginalisé.

Le troisième échec est désormais ce retrait de sa fonction internationale.

C'est la fin d'une carrière qui avait débuté dans des conditions exceptionnelles qui pouvaient alors changer toute la gauche en Europe.

Mai 1997 : l’Europe découvre un jeune premier ministre britannique qui vient de mettre un terme à un record historique de Gouvernement conservateur. Il est toujours souriant, apparaît frais et innocent. Sa victoire ne doit pour autant rien au hasard ou aux bonnes fées. Il l’a conquise à la force du poignet en prenant le meilleur des avancées dans les techniques modernes de communication. Sa victoire est d’abord celle d’un remarquable professionnel préparé comme « pour un débarquement » selon la formule en vogue à Londres à cette époque.



A l’approche des élections, son parti « New Labour » a installé Excalibur. C’est un super-ordinateur qui en 30 minutes met en évidence les contradictions des concurrents, les votes emblématiques, les déclarations enflammées… Derrière ce nom barbare figure surtout une méthode qui a intégré toutes les avancées en matière de communication moderne. Voilà quelques unes des mesures adoptées à cette époque.

Tout d’abord, grâce à la qualité de la démocratie britannique, un shadow cabinet a été constitué. Les secrétaires généraux des principales administrations ont été autorisés à venir exposer les principaux dossiers et répondre aux questions. Sur cette base intégrant des contraintes légitimes de gouvernement, le programme a été construit en faisant appel aux productions de think tanks. Ces clubs de réflexion privés ont planché sur des sujets politiques très pointus.

Le service communication a alors bâti le programme du leader travailliste en « nourrissant la presse » en permanence. Cette « méthode Deaver » consiste à planifier l’information pour ne jamais se retrouver en position défensive face aux médias. Une matière choisie lui est ainsi donnée comme sujet quotidien de traitement. C’est l’inversion du système. Deuxième point majeur, dans cette matière, tout repose sur l’image. L’image prime toujours. Quand il y a choc entre l’œil et l’oreille, les études montrent que l’œil l’emporte systématiquement. Le spectateur retient ce qu’il a vu infiniment plus que ce qu’il a entendu. Tout le professionnalisme consiste à ce que l’image porte le bon message au bon moment pour les bonnes cibles.

Chaque relais de la campagne dont les candidats aux législatives est équipé d’un pager et d’un fax. Chaque demi-journée, chacun d’entre eux reçoit les messages du jour à délivrer à la presse, aux opposants…

Sur le plan général, des sondages quasi-quotidiens garantissent la vérification en temps réel de l’opportunité des actions conduites. La fonction de ce dispositif est de « simuler » les conséquences électorales de chaque annonce, chaque image, chaque message à partir d’un scénario bâti par étape.

Tony Blair ouvrait alors la nouvelle séquence d'un socialisme libéral, réformateur, hyper branché, techno, super communicateur...

C'est aujourd'hui une tendance qui paraît en crise avec les poussées de socialismes très ancrés à gauche : Espagne, Grèce. L'ère Blair a peut-être vécu ... ?

  • Publié le 27 mai 2015

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