Elizabeth Warren influence-t-elle déjà trop la présidentielle 2016 ?
S'il y a au moins un point sur lequel Marx a eu durablement raison, c'est que les victoires culturelles précèdent les victoires politiques. La primaire américaine 2016 en donne une illustration implacable.
Les discours des deux candidats de l'establishment (Hillary Clinton et Jeb Bush) sont calqués sur des tendances inspirées des positions d'Elizabeth Warren.
Hillary Clinton fustige Wall Street et les gros salaires qui ont pourtant beaucoup alimenté son fonds électoral.
Tandis que Jeb Bush veut se distinguer du "Club de Washington" que sa famille a incarné pendant pas moins de 18 ans sur les 30 dernières années : 8 ans de Vice-présidence + 4 ans de Présidence (pour le père) + 8 ans de présidence (pour le frère GW).
Dans les deux cas, les intéressés savent très bien qu'ils sont à contre-courant s'ils ne dé-scotchent pas leurs étiquettes de départ.
D'ailleurs, si la primaire 2016 ne démarre pas, c'est que les candidats "leaders" proclamés par les médias sont "hors sujet" par rapport aux souhaits de l'opinion.
Dès les municipales de 2014 ou avec les élections intermédiaires, les victoires fortes ont été à la gauche du parti démocrate et au peuple du parti républicain.
Deux ancrages que ni Hillary Clinton ni Jeb Bush ne peuvent incarner dès l'origine.
La politique américaine a besoin d'être secouée. Trois ou quatre personnalités en sont capables dont Elizabeth Warren. Pour l'instant, ces personnalités restent à l'écart de la campagne mais elles ont déjà gagné la "course du contenu".