Le Modem arbitre des régionales en Rhône-Alpes-Auvergne ?
Dès le sondage IFOP en janvier 2015 pour le quotidien Le Progrès, le Modem semblait assuré d'un score intéressant alors donné à 7 %. Il est de plus en plus question d'enquêtes d'opinion non publiées qui placeraient le Modem entre 10 et 8 %.
Certes un score qui place le Modem loin derrière la liste Les Républicains conduite par Laurent Wauquiez (fixée vers les 30 %) mais à une position charnière si les deux listes de gauche unies au second tour avoisinent, elles aussi, les 30 %.
La région Rhône-Alpes-Auvergne présente il est vrai des ancrages forts des centristes. Elle présente plusieurs caractéristiques au coeur de 5 tendances :
1) Une région éclatée avant l’heure.
La région RA tout particulièrement n’a jamais constitué une véritable entité. L’Ain a été tourné d’abord vers le bassin de Genève et tout particulièrement tout le secteur très puissant du pays de Gex. Les deux Savoies ont toujours fait preuve d’une volonté forte d’autonomie. Grenoble n’acceptait pas le leadership régional de Lyon. L’Ardèche, département pauvre, n’a jamais compris ce qu’il pouvait faire avec le Rhône ...
Au moment où il est tant question de l’artificialité des nouvelles régions, la Région RA n’a jamais constitué une entité territoriale solide.
2) Une région aux vagues politiques homogènes.
La région a connu deux épisodes politiques peu contrastés. Elle fut à droite : 1986 – 1995. Puis elle fut à gauche : 1995 – 2015. Mais sans nuance à l’intérieur de ces deux épisodes.
Lors de la 1ère élection du conseil Régional au suffrage universel direct, la région rhône-alpes fait figure de bastion de la “jeune droite” : Barnier, Millon, Carignon, Noir, Bosson, Clément ... la moitié des rénovateurs du printemps 1989 sont de Rhône-Alpes.
Les rénovateurs s’effondrent et la gauche s’installe partout : les plus grandes villes, les départements et la région.
Ce sont des vagues brutales sans nuance à l’intérieur de la région au sein de la même séquence temps.
3) Une région sans département central fort qui augure d’une vraie pagaille territoriale.
Au moment où la région doit se structurer son principal département (le Rhône), le Rhône se déstructure avec la Métropole de Lyon qui est une enclave autonome au sein du département du Rhône.
Mais bien davantage, le Grand Lyon déstructure les autres départements traditionnels puisqu’il passe des accords avec Vienne et Bourgoin (Isère) mais aussi avec St Etienne (Loire).
4) Une nouvelle génération de gauche absente avec un bilan régional totalement inconnu.
Les territoires importants de la gauche sortante n’ont pas donné lieu à une génération de successeurs. Ce sera d’ailleurs l’un des atouts de Wauquiez : incarner la nouvelle génération face à une gauche assez âgée à l’exception de Piolle à Grenoble mais dont l’audience régionale semble faible.
Mais surtout une gauche régionale au bilan totalement inconnu puisque les grandes villes ont très efficacement fait écran à l’identification des réalisations régionales. Le bilan de la Région n’existe probablement pas aux yeux du grand public. C’est une mutuelle financière qui abonde les projets des villes.
5) Une histoire centriste importante.
Il ne faut jamais oublier que le Rhône avec Raymond Barre et Michel Mercier a incarné une tradition centriste forte. Il en fut de même sur Annecy (Bernard Bosson) comme le poids de VGE en Auvergne. Des racines qui font qu'un Centre entre 10 et 8 % constitue une logique historique.
Les négociations entre le Modem et Les républicains au second tour des régionales seront donc décisives pour donner l'élan nécessaire à une victoire régionale qui s'annonce serrée dans une triangulaire avec la présence du FN.