Tunnel du Chambon : Manuel Valls et le ressentiment des exclus
La visite de Manuel Valls aux exclus du tunnel du Chambon est peut être la première communication destinée à adoucir son image depuis plusieurs mois : il va s'occuper des exclus et de surcroît aux fins fonds des montagnes.
Avec des colères quasi-permanentes, Manuel Valls a considérablement durci son image. Il est à contre-sens de l'ADN de gauche. Avec le tunnel du Chambon, il modère ce positionnement. Il redevient celui qui porte secours aux exclus.
Mais encore faut-il que le secours soit perçu comme réel. Or la crise de l'agriculture le montre, avec la Grèce, l'exécutif a ouvert un réflexe difficile à gérer : puisque la France est capable de trouver 16 milliards supplémentaires pour "aider les grecs", comment expliquer qu'il n'y ait que la diète pour les ... Français ?
En 1999, Jacques Chirac avait "changé l'ambiance" en évoquant le 14 juillet la "cagnotte de Bercy". D'un seul coup le couvercle des revendications allait se lever et ce fut le cas. La Grèce, c'est pour Hollande l'équivalent de "l'embarrassante cagnotte de Jospin".
Dans ces deux cas, ce sont des raisonnements faux, simplistes, trop réducteurs ... mais l'opinion a changé en conséquence. Les français acceptent d'aider des "tiers" à la condition que leur propre table du banquet soit bien fournie. C'est une vieille réaction toujours appliquée. Quand la crise est là, leur "coeur" devient moins "partageux".
C'est ce que l'on est en train de vivre. Demain, au tunnel du Chambon, Manuel Valls devra faire concret : des travaux, des chiffres, un calendrier. Sinon la déception pourrait être forte et le boomerang en conséquence.