Denis Bonzy : "Internet est-il le vrai tremplin de Donald Trump ?"

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Remarquable article de Nicholas Carr ce jour sur le site Politico. Le blogeur américain reprend un thème qui lui est cher pour avoir déjà donné lieu à un livre dès 2011 (Internet rend-il bête ?) mais il l'applique de façon particulièrement pertinente à la présidentielle 2016.

La thèse de Nicholas Carr : nous vivons la troisième révolution médiatique. La première date de 1920 avec la radio qui a désincarné les candidats. Ils sont alors devenus une voix. C'était la fin du contact physique des réunions sous le préau.

Puis 1960, avec la télévision, les candidats ont un corps. C'est l'image du corps qui s'impose. La preuve : lors du débat Kennedy / Nixon, Kennedy a gagné le sondage des téléspectateurs et Nixon a gagné le sondage des auditeurs. Nixon était resté à l'âge de la radio. Kennedy était entré à l'âge de la TV.

1962 ... JFK at Cape Canaveral

2015, c'est l'âge des médias sociaux : l'époque du divertissement. C'est la "campagne gouaille" entre "amis" qui donne la prime à la superficialité, à l'immédiateté, à l'éphémère. C'est le règne du café du commerce : une photo, une formule et on passe aux suivantes. Il ne s'agit plus de convaincre mais de divertir, d'attirer l'attention pour assurer le partage. Un danger absolu : être fade, trop nuancé.

Christophe Carr a une formule redoutable : "le discours se rétrécit pour correspondre à l'écran du ... smartphone". C'est dire !

Et il prend le dernier exemple en date : Obama qui devient un Instagrameur pour parler du climat lors de son voyage en Alaska. Tout est "surdimensionné" : pas de discours, pas de graphe, pas d'analyse, pas de chiffre. Des photos et un thème : "le reverrons-nous encore ?".

C'est ce contexte qui ferait le succès de Donald Trump : ne plus informer mais provoquer. La formule choc qui plait à l'opinion. Il serait le premier candidat a accepter cette nouvelle donne et à l'assumer à fond. Sur Twitter en quelques mois, Donald Trump compte plus de 4 millions d'abonnés comme ... Hillary Clinton qui laboure le temps depuis des années. Jeb Bush est à ... 283 abonnés !!!

Donald Trump (Politico Iowa)

Les observations : l'analyse est pertinente. Elle pose un diagnostic qui impose une réflexion : la politique vit-elle sa troisième révolution depuis le début du XX ième siècle ?

Mais Nicholas Carr s'en tient au diagnostic. Il n'évoque pas comment les médias traditionnels peuvent reprendre du poids, de l'influence face à Facebook, Youtube, Twitter, Instagram, Periscope, Snapchat, le référencement Google ...

Il n'évoque pas le point de savoir si l'opinion peut changer le cours face à des excès, corriger le tir.

Ce sont ces dernières questions qui par les réponses apportées détermineront la réalité de la mutation. Ce qui est sûr c'est que la mutation est bien engagée.

Denis Bonzy



  • Publié le 2 septembre 2015

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