Le sondage IFOP et sa surprise : la gauche n'est pas morte en France
A l’occasion de la fête de l’Huma, l'Ifop a réalisé un sondage sur la notion de gauche en France aujourd'hui. Des résultats étonnants.
Avec les municipales de 2014, la gauche était perçue comme mortelle alors que jusqu'alors elle semblait "éternelle".
Avec les départementales de 2015, la gauche pouvait être perçue comme "morte" a fortiori avec l'avalanche hebdomadaire de sondages dramatiques pour le pouvoir en place.
Loin de telles impressions, 47% des Français se positionnent eux-mêmes à gauche de l’échiquier politique (contre 53% se positionnant à droite). Dans le détail, 4% se définissent d’extrême-gauche, 28% de gauche et 15% du centre-gauche. En dépit des discours sur la droitisation de la société française et des difficultés électorales des formations de gauche, les résultats sont paradoxalement stables par rapport à ceux observés en septembre 2014.
Les marqueurs entre la gauche et la droite sont toujours aussi nets. Alors que les personnes de droite apprécient davantage les termes comme la liberté, le mérite ou le travail, les personnes de gauche mettent davantage l’accent sur la liberté, la solidarité, l’égalité et la laïcité. De la même manière, se fait jour une opposition significative sur la perception de l’entreprise et de l’immigration. 78% des personnes de droite souhaitent ainsi que l’Etat donne plus de libertés aux entreprises, contre seulement 52% parmi les personnes de gauche. L’immigration est parallèlement davantage perçue comme une chance à gauche (47% contre 19% à droite).
Ce sondage montre toutefois des évolutions liées au contexte « post attentats de janvier 2015 ». Les personnes de gauche se montrent davantage en attente d’un Etat protecteur et stratège. Les termes comme « nation », « Etat » et « autorité » sont ainsi perçus plus positivement qu’en 2014 (+10 points par exemple sur le terme « autorité »). C’est parallèlement dans une perspective d’enracinement de la crise économique et sociale que le souhait d’une plus grande liberté laissée par l’Etat aux des entreprises régresse (52% contre 56% en 2014).
La politique conduite par François Hollande et Manuel Valls ne contente pas les personnes se positionnant à gauche sur l’échiquier politique. Seules 38% des personnes interrogées jugent que la politique gouvernementale est une politique de gauche telle qu’ils l’entendent (contre 26% en 2014), même si on enregistre une hausse de 12 points sur cet aspect depuis un an. Une courte majorité (53% contre toutefois 42% en 2014) considère également que cette politique est différente de celle menée par Nicolas Sarkozy au cours du quinquennat précédent.
Dans la perspective des élections régionales, aucune alliance suggérée entre différentes formations politiques de gauche ne suscite une adhésion massive de la part des personnes de gauche, signe de la défiance qu’il peut y avoir à l’égard du personnel politique et des entreprises partisanes. Pour autant, ce sont les alliances entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie Les Verts (57%, mais 88% auprès des sympathisants d’Europe Ecologie Les Verts), et entre le Front de Gauche, le Parti Socialiste et Europe Ecologie Les Verts (52%, mais 70% auprès des sympathisants du Front de Gauche), qui s’avèrent les plus fortement souhaitées et qui apparaissent comme les plus capables de conduire une politique conforme aux attentes des personnes de gauche au niveau régional.
Des scores étonnants mais qui montrent une terrible stabilité des courants de fond de la société française.