Sylvain Blondel et le test de la société civile
Lors des régionales, il y a une géographie qui mérite l'attention : Nord Pas de Calais. Certes d'abord par la candidature de Marine le Pen. Mais aussi parce que Nous Citoyens présente un candidat dynamique : Sylvain Blondel avec une offre simple : "vous pouvez sanctionner les partis politiques en dehors du vote FN".
Sylvain Blondel engage une démarche qui est celle du recyclage des déçus de la politique.
De façon paradoxale, il y a beaucoup de moments où la vie publique Française tend à encadrer excessivement les citoyens mais il y a aussi des circonstances où la vie publique semble accepter avec fatalité l’exclusion de certains citoyens.
Les conditions d’encadrement sont multiples. La France est structurée autour de la notion d’ un Etat qui est une puissance tutélaire cantonnant les Français dans une certaine passivité, qui écrase l’initiative, qui étouffe la vie quotidienne de multiples tracasseries (cartes, contrôles, autorisations…).
Dans ce contexte, une grande partie de l’histoire de nos droits à consisté à délimiter le chemin de la meilleure reconnaissance des droits des citoyens :
- face à l’administration :
- principe d’égalité devant le Service Public,
- administration responsable du préjudice causé,
- recours devant le juge administratif ;
…
- face aux autres citoyens :
- le libre consentement en matière contractuelle,
- la protection au sens pénal, et notamment, de la procédure,
- des codes (travail, commerce,…) qui rassemblent ses prérogatives.
- au sein même de l’administration :
-déroulement de la carrière (refus du spoil-systèm),
- liberté d’opinion et d’expression (limite de l’obligation de réserve au sens intérêt du Service public,
...
Mais il y a des circonstances où la question n’est plus de protéger le citoyen mais de le ré-impliquer dans le processus de la vie publique.
Dans ce domaine, la tâche paraît encore plus difficile.
D’abord, parce que des citoyens se sont volontairement écartés des procédures classiques de la vie publique. Le taux d’abstention a beaucoup augmenté ces dernières décennies pour représenter même désormais le «premier parti de France».
Ensuite, parce que cette exclusion peut être liée à des considérations propres à la vie publique, mais surtout, dans certains cas, c’est contre une exclusion plus globale qu’il importe de lutter. Les inégalités d’instruction, les inégalités culturelles, les exclusions économiques et sociales deviennent des barrages considérables à la participation publique.
L’exclusion de la vie publique est un suicide du citoyen.
C’est la reconnaissance que sa place est impossible à trouver, que cet univers ne lui ressemble pas, qu’il ne peut apporter des réponses à ses défis. Ce décalage ou ce désaccord est insupportable. Il traduit une absence de désir d’avenir que notre société ne peut admettre sans lutter. Il y a des chiffres que notre démocratie semble refuser de voir.
En 2002, le Président de la République a inauguré son deuxième mandat en ayant reçu au premier tour 14 % seulement des suffrages des Français en âge de voter (19,9 % des suffrages exprimés) tandis que ce même 21 avril 2002 les candidats qui n'ont aucun représentant au Parlement (Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret, Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Daniel Gluckstein) totalisaient 29,64 % des suffrages exprimés…
La sociologie des élus n'a qu'un rapport lointain avec le corps électoral. Les députés ont en moyenne 56 ans et 7 mois aujourd'hui contre 49 ans et 6 mois en 1981. En 1997, l'Assemblée nationale comptait 10,9 % d'élus femmes. Cette proportion est passée à 12,3 % en 2002, soit une progression de 1,4 point. Rarement le "pays légal" aura moins été en phase avec le "pays réel".
Et depuis ces dates, rien ne s'est amélioré significativement !
Avec le choc FN / Nous Citoyens, c'est tout l'enjeu du "recyclage" des abstentionnistes. Un test électoral qui méritera une attention particulière.