Marion Maréchal-Le Pen et le fact checking

Les relations se tendent manifestement entre des candidats et la presse. La vie politique française serait-elle touchée à son tour par la mise en cause ouverte de médias. C'est le cas aux Etats-Unis où Donald Trump et Ben Carson ont fait de la dénonciation des médias leurs rampes de lancements pour 2016.

En Provence, Marion Maréchal-Le Pen engage une polémique contre Le Monde. Que dit-elle ?
Elle dénonce « Les décodeurs » du journal Le Monde qui ont publié un article en ligne dans lequel ils ambitionnent de décrypter « Les approximations de Marion Maréchal-Le Pen en région PACA », suite au débat m'ayant opposé aux autres candidats à la présidence de la Région.



Son communiqué de presse est simple, incisif :
"... un tel titre pourrait laisser penser que les journalistes ont relevé une foule d'imprécisions ou d'erreurs. En fait, deux de mes déclarations seulement (sur 1h30 de débat) sont attaquées.

Tout d'abord, « les décodeurs » considèrent « impossible » la mise en place d'une Police régionale des transports reprenant le modèle existant en Île-de-France avec la sous-direction régionale de la police des transports (SDRPT), organe de commandement opérationnel unique de la sécurité dans les réseaux ferrés de cette région. L'importation de ce modèle serait « impossible » selon les journalistes, car il s'agit d'une « exception ». Nous sommes de ceux qui pensent, selon les mots de Richelieu, que la politique est l'art de rendre possible ce qui est nécessaire. On ne peut se satisfaire de la situation intolérable d'insécurité régnant aujourd'hui dans les TER de PACA et nous défendrons donc auprès de l’État la transposition de ce modèle francilien en PACA, au nom de l'efficacité. Lorsque nous prendrons la tête de la Région, il y aura donc deux exceptions !

Dernier point : « les Décodeurs » mettent en exergue le fait que cette sous-direction est placée en Île-de-France sous l'autorité de la Préfecture de police de Paris « entité unique en France ». Peut-être les journalistes du Monde devraient-ils parfois dépasser le périph' ? Il existe aussi un Préfet de police dans les Bouches-du-Rhône (depuis 2012), en PACA donc.

La seconde attaque portée par « les Décodeurs » relève de la mauvaise foi absolue. Il serait inexact de parler de l'explosion de la dette de la Métropole Nice Côte d'Azur présidée par Christian Estrosi, car celle-ci n'aurait été créée qu'en 2012... Voilà qui est un peu court ! La Métropole a pris la suite d'une communauté d'agglomération, et d'une communauté urbaine dirigées par le même Estrosi depuis 2008.

Il faut donc comparer la dette de ces structures en 2008 (356 millions) et celle de l'actuelle Métropole (1,2 milliard). Il s'agit d'une augmentation de 197% ! Nous voici bien loin des 9% annoncés par « les Décodeurs ».

La réalité est bien différente du titre des « décodeurs » : nous sommes à ce jour les seuls à proposer un projet solide et crédible (dont le volet économique a déjà été détaillé, et semble-t-il entendu au vu de notre solide avance chez l'ensemble des actifs dans toutes les enquêtes d'opinion). On cherche en vain les propositions des gauches roses ou rouges-vertes, et du côté de M. Estrosi le programme fleuve de 200 propositions donne malheureusement trop souvent dans l'incantation où irréalisme et démagogie se disputent le premier rôle.

Si, vraiment, « les Décodeurs » veulent s'intéresser à des « approximations » qu'ils regardent donc du côté de M. Estrosi qui prétend – lui !– diriger directement la police des transports ou encore parle de « portiques à rayon X » dans les gares, ou encore du côté de M. Castaner qui a tenté de brouiller les chiffres pendant le débat en mélangeant les sommes dépensées dans l'investissement pour le soutien aux entreprises et l'ensemble des investissements...".


Mais il faut noter une polémique ouverte dans le Sud Ouest entre Virginie Calmels et le quotidien Sud Ouest. En pleine réunion publique, Virginie Calmels met en doute l'indépendance de Sud Ouest. Virginie Calmels indique que le groupe Sud Ouest a bénéficié d’un prêt de 900.000 euros de la part de la région, au titre de l’aide aux entreprises, "trois mois avant les régionales". "Ethiquement, ça pose quand même deux ou trois questions", s’indigne-t-elle, en dénonçant de "vieilles méthodes de politique à l’ancienne qui consistent à distribuer de l’argent public à quelques mois d’une élection. Les électeurs jugeront, mais je crois que ça ne trompe personne". Et le Directeur de Publication de Sud Ouest de répondre dès le lendemain sur un ton très offensif.

En Rhône-Alpes-Auvergne, un élu de la formation Les Républicains de Grenoble multiplie les mails pour dénoncer les conditions dans lesquelles le Dauphiné Libéré a relaté son intervention lors du dernier Conseil Municipal de Grenoble sur le thème de la sécurité. Il dénonce pas moins que "l'écart entre ce que j'ai dit et ce qui en a été retranscrit par la presse ..." et donne les preuves en pièces jointes. Sur Grenoble, cette mise en cause du Dauphiné Libéré est d'autant plus surprenante que le quotidien accorde des espaces considérables aux oppositions locales dont Les Républicains. Des espaces que très peu d'autres médias régionaux reconnaissent aux oppositions locales.

Et bon nombre d'autres exemples pourraient être donnés.

Le ton change manifestement entre les candidats et les médias, signe supplémentaire d'une crise démocratique qui se creuse. C'est le "fact checking" à l'envers : les politiques contre les médias.

  • Publié le 24 octobre 2015

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