La presse et la communication de guerre
Une fois l'étape de l'émotion passée, la presse française sera confrontée aux mêmes défis qui ont secoué la presse américaine après l'opération Desert Storm. Jusqu'où la presse peut-elle être combative en temps de guerre ?
Le premier défi de ce type pour la presse moderne est arrivé en 1983 avec l'invasion de la Grenade. Dans de telles circonstances, deux faits occupent une place nouvelle :
1) la dépendance pour les informations car elles sont gérées par des services habitués au secret et avec lesquels il faut composer pour alimenter l'information,
2) une mentalité nouvelle quand le pays dans l'épreuve attend de l'unité.
Avec Desert Storm, la presse la plus libre, indépendante et impertinente avait accepté une docilité inhabituelle dont elle a mis beaucoup de temps à se remettre.
La première guerre du Golfe est devenue d'abord l'échec de la presse qui a progressivement reconnu un niveau inédit d'instrumentalisation; voire même de manipulation pure et simple.
Un packaging d'informations était conçu par l'équipe de Bush Senior et livré par la presse sans se poser les questions habituelles.
Avec recul des monstruosités ont été commises. Les journalistes reconnaissent qu'ils ont cautionné du divertissement et de la propagande politique davantage que de l'information.
Ce sont des moments où la presse considère que respecter ses "distances" classiques peut la faire passer dans le "camp de l'ennemi" dans de telles circonstances exceptionnelles. Le cas français sera intéressant à observer dans la durée.