Donald Trump et le nouveau populisme
Pendant des années, les espaces publicitaires des périodes des fêtes de fin d ‘année étaient animés par des trois petits lutins censés être des « voleurs de couleurs ». Un des plus grands publicitaires Français avait eu ce slogan créatif pour promouvoir un grand équipementier de la photographie.
Aujourd’hui, à entendre certains commentaires sur les relations entre les citoyens et leurs représentants pourtant élus, la mode est désormais de parler de « voleurs de pouvoir » tant le fossé paraît profond entre les élus et le peuple. Dans ce contexte, d’ailleurs très inquiétant, les moyens faciles sont nombreux pour tenter de rendre le « pouvoir » au peuple.
L’un des moyens les plus aisés consiste à parler avec les mots de tous les jours, voire même les mots des énervements de tous les jours. Mais est-ce seulement un enjeu de mots ?
En réalité, au moment où il est désormais publiquement question de la coupure entre le « pays légal et le pays réel », que traduit ce climat ?
Il traduit un sentiment profond que chacun a sa vie et que cette vie n’est plus commune mais constituée d’une multitude d’îles où règnent de terribles solitudes sans fin prévisible.
Dans cette ambiance, les décideurs publics deviennent étrangers.
Bien davantage, chacun devient étranger à autrui, qu’il soit représentant élu ou pas puisqu’il n’y a plus d’espace commun mais un chapelet d’îles.
Donald Trump surfe sur ce climat.
C'est le nouveau populisme. Le populisme des peurs. Toutes les annonces prévisibles sont anxiogènes. La modernité n’a pas fait disparaître les peurs. Elle les met en évidence chaque jour.
Dans de telles conditions, les citoyens ne sont pas seulement sévères à l’encontre de l’absence de clairvoyance ou pire à l’encontre de l’absence de courage pour ne pas leur avoir expliqué à temps la réalité des situations incontournables ; ils aspirent à ce la société planétaire ne soit pas celle où ne règne plus aucune identité ni plus aucun projet.
C'est un climat entièrement nouveau et pour partie inédit depuis longtemps car le progrès a été le moteur du XX ème siècle.