Le Postillon et "l'esprit de Grenoble" : un vrai marqueur
Le Postillon creuse son sillon dans l'agglomération grenobloise. Il le fait avec succès en portant des enseignements forts sur "l'esprit de Grenoble" qui repose sur une sociologie particulière probablement de plus en plus représentée d'ailleurs dans la ville centre de l'agglomération grenobloise.
Trois composantes sont fortes et quasi-permanentes :
1) L'histoire de Grenoble est rebelle face aux pouvoirs. Hubert Dubedout a installé le "socialisme grenoblois" face (contre ?) au système de l'appareil socialiste d'alors. La popularité locale la plus forte d'Alain Carignon a été lors de l'initiative des Rénovateurs contestant l'appareil chiraquien au printemps 1989. Michel Destot a peiné à faire vivre cette différence et d'ailleurs le véritable tournant local le fragilisant fut en 2012 lorsqu'il a été mis à l'écart du Gouvernement alors même qu'il souhaitait ostentatoirement y appartenir à la différence d'Hubert Dubedout qui avait été évincé en 1981, payant alors le prix de "l'originalité grenobloise".
2) Les scientifiques, cadres, enseignants aiment une forte "de dérision" de la politique. Eric Piolle a très bien su capitaliser ce volet en insistant sur son expérience de cadre d'entreprise "neuf en politique", marquant ses distances avec la politique, au point de gommer totalement ses ex-candidatures dont par exemple celle sur Vienne-Beaurepaire lors des législatives dans les années 90. Par ailleurs, son positionnement politique a été celui de "l'autre gauche" face au PS classique, d'appareil. Une façon pour revenir au positionnement d'Hubert Dudebout à l'écart de l'appareil politique PS.
3) Si la "gauche" est exigeante avec elle-même en mobilisant une sorte d'auto-critique permanente, elle le fait parfois au prix de "baisser la garde" face à la droite classique. C'est lorsqu'elle se comporte ainsi qu'elle devient fragile comme ce fut le cas en mars 1983. Mais la situation de 2015 peut-elle comparée à celle de 1983 ? Non. La sociologie de la ville-centre a considérablement évolué. La Ville-centre est devenue moins "bourgeoise" car cette catégorie CSP l'a quittée pour la seconde couronne grenobloise et la quitterait encore plus activement depuis 2014. Une catégorie qui la quitte sans être remplacée par exemple par des inscriptions en force des entrepreneurs ou commerçants désormais inscrits sur leurs lieux d'habitations et non pas d'exercices professionnels. Là encore autre différence majeure par rapport à 1983 où il fut question de 2 500 inscriptions sur 1982 faisant la différence en ... mars 1983.
Sur ces vagues sociologiques, Le Postillon surfe avec talent pour devenir une vraie référence. Des faits. Des révélations très factuelles. Un humour corrosif. C'est le support le plus proche de "l'ADN grenoblois".