Livres : les chiffres sur les livres Sarkozy, Fillon, Juppé ... sont-ils fiables ?
En France, la primaire a débuté par la compétition des ventes de livres. Mais cette compétition repose-t-elle sur des chiffres fiables ?
En France, il y a trois procédés de ventes :
- les offices : le point de vente reçoit un nombre décidé par le diffuseur - distributeur et non pas par le libraire. Il met en vente. A la fin du mois, il déclare les ventes pour ajuster la facturation initiale ancrée sur les offices. Et à partir du moment où le libraire considère que le cycle commercial du livre est fini, le libraire retourne les invendus.
Par ce procédé, il est difficile, voire impossible, de connaitre la réalité des ventes avant l'état déclaratif des points de ventes en fin de mois. Les offices ne peuvent être assimilés aux ventes.
- les dépôts ventes : le libraire "met à disposition" son espace de ventes. Il expose le produit dont il ne porte pas le stock. Et à la fin de chaque moins, il effectue son état déclaratif des ventes. Sur la base de cet état le diffuseur-distributeur le facture généralement à 60 jours. L'avantage du dépôt-vente, c'est que le libraire accepte de nombreux placements puisqu'il ne porte pas le stock donc ne prend pas de risque financier. Là aussi, difficile de connaître le nombre avant l'état du 1er mois de placement.
- les ventes fermes : le réseaux commercial de l'éditeur informe le libraire du lancement d'un produit. Le libraire commande. Il achète son stock et porte donc le risque des non-vendus sauf certains cas de retours. Là le volume des achats est clair dès le début. Mais il s'agit des achats des libraires et non pas des ventes effectuées par les libraires. Après c'est question des ré-assorts pour un point réel des ventes.
Par conséquent, avant l'expiration de 30 jours, c'est difficile voire impossible techniquement de connaître la réalité des ventes sauf à confondre ventes avec ... simples placements.
Quand dans la semaine qui suit le lancement d'un livre et a fortiori si cette semaine ne correspond pas à une fin de mois, la connaissance de l'état des ventes est impossible. Et de plus il faut avoir à l'esprit, que pour les points de ventes indépendants en régions, le diffuseur-distributeur fait généralement appel à un diffuseur régional. Donc techniquement, il faut que le libraire fasse son état déclaratif des ventes au diffuseur régional et que ce dernier répercute au diffuseur national pour que celui-ci ait un état précis des ventes. La chaîne est lourde et longue.