Le conflit ouvert sur la loi Travail et le patronat absent
La France a un problème de fond : l'absence de patrons qui s'engagent dans les débats d'actualité qui font les sujets clefs de l'opinion. L'actuelle polémique sur la "loi travail" en est une illustration caricaturale. Qui expose une thèse opposée à celle de la CGT ? Où est le patronat français ? La CGT est confrontée à l'opinion et au Gouvernement. Mais personne d'autre entre ces confrontations. Une réalité qui donne du corps à une formule souvent utilisée au sujet du Medef : "il montre beaucoup les dents mais il ne mord jamais".
En réalité, la France a toujours le "patronat honteux". Elle n'a pas encore trouvé des relais médiatiques qui mobilisent. Des leaders qui changent le regard sur le métier de patron ou sur celui d'entrepreneur. Aux Etats-Unis, les patrons font la une. Certains d'entre eux comme Gary Vaynerchuk sont même de réelles vedettes médiatiques capables de canaliser des tendances d'opinion.
Il y a une initiative analogue à suivre avec intérêt en France : celle de Manuel Diaz qui porte une analyse pertinente et disruptive sur le "nouveau monde".
Comment expliquer ce décalage ? De façon globale, à quelques rares exceptions près, le patronat français est resté scotché aux vieilles méthodes de la démocratie parlementaire : négocier dans les couloirs ou dans les commissions de travail.
Ces méthodes ne sont plus adaptées à la démocratie d'opinion. Maintenant, il faut d'abord avoir l'opinion avec soi pour convaincre les "élus". Tant que les entrepreneurs français ne se seront pas adaptés à ces nouvelles règles, c'est un décalage qui sera payé le prix cher.