Donald Trump et la politique du shopping
Demain, le cycle des primaires prendra fin avec le vote de la Californie. Deux phénomènes ont émergé : Bernie Sanders a fait vivre une véritable offre de gauche aux Etats-Unis en lui donnant pour la première fois une audience aussi forte dans les thèmes comme dans les votes.
Quant à Donald Trump, il a fait vivre une rupture de fond en assumant une offre qui est celle de la politique du shopping. C'est quoi ? L'électeur fait ses courses au fil d'une succession d'offres qui sont autant de produits "commerciaux" présentés comme d'applications immédiates.
Cette politique du shopping répond d'abord à la demande : de la discrimination positive en faveur des blancs en passant par la lutte contre la concurrence chinoise ... Le programme n'est plus un sens du collectif à respecter mais un catalogue de mesures très précises qui sont présentées comme la solution à un problème : un mur, une augmentation de droits d'importations ...
Cette politique du shopping propose aux citoyens de "faire leurs courses" dans le magasin politique dont le candidat est le premier vendeur. C'est simple et sans la moindre nuance.
Pour que cette logique rencontre le succès il faut que la logique du vote comme "acte de consommation" soit assumée au maximum. A partir du moment où le discours politique a perdu de son sacré, cette offre nouvelle trouve un espace. Elle est exposée avec un ton tapageur comme la publicité commerciale. La campagne devient une tournée commerciale. Elle ne s'embarrasse pas de nuances. Elle assène des "vérités" comme le font les communications commerciales.
Et la "marque Donald Trump" va continuer sur sa lancée. Il n'y a pas d'offre globale mais des solutions ponctuelles : un problème = un produit = une offre. C'est la première fois dans une démocratie occidentale avancée que cette logique est poussée à cette extrémité. Et sous cet angle, la presse en ne livrant pas l'expertise technique sur la "fiabilité des produits" a endossé une responsabilité forte.