Grenoble : Paul Bron défie Eric Piolle sur la méthode de la co-construction
Depuis mercredi 8 juin, l'agglomération grenobloise est enflammée par les révélations sur les "mesures d'austérité" destinées à éviter la faillite de la Ville de Grenoble. FR3 Alpes, le Dauphiné Libéré, France Bleu Isère, Place Gre'Net ...: tous les supports d'informations ne vivent plus qu'au rythme des déclarations des uns et des autres.
A ce jour, 6 faits marquants méritent une attention particulière par voie de hiérarchie décroissante :
1) Ce sujet anime les débats des citoyens sur les réseaux sociaux dans des conditions très denses et sur des bases de réelle qualité. C'est la première fois depuis mars 2014 que les échanges sont aussi nombreux, sérieux, construits.
2) Parmi les échanges, l'initiative la plus marquante est celle de Paul Bron, Conseiller Municipal de la Ville de Grenoble, au titre d'une association locale GO Citoyenneté. Paul Bron publie une lettre ouverte adressée à Eric Piolle et qui propose de co-construire les mesures à mettre en oeuvre à l'exemple de l'extrait ci-dessous :
"...
Nous n’acceptons pas ce décrochage des services publics municipaux, car le service public local constitue le dernier amortisseur social pour les publics le plus fragiles.
Ce sont les grenoblois, ainsi que les agents municipaux qui vont subir ces réformes. Ils ne partagent pas, n’apprécient pas, voir même ne comprennent pas ces arguments politiques qui amènent en réalité à des décisions non concertées.
Nous ne pouvons pas nous satisfaire des mesures qui touchent les grenoblois les plus démunis et les quartiers populaires. Et lorsque la situation est figée et grave, il faut savoir mettre ses différences dans sa poche et travailler ensemble pour la commune. Nous pensons que d’autres pistes sont possibles à partir d’un dialogue qui doit reposer sur les propositions alternatives de chaque groupe politiques, sur les choix concertés des citoyens et sur la base de propositions partagées.
Nous proposons que les principales forces politiques et citoyennes locales se réunissent, travaillent ensemble autour d’un Pacte d’entente municipale sur 6 mois, jusqu’à la fin de l’année et qui porte UNIQUEMENT sur les mesures anti sociales du Plan de sauvegarde...".
C'est un un défi public sur la méthode des Verts : la co-construction.
3) Parmi les autres propositions, celles du Club 20 qui demande la clarification globale sur toutes les conditions de mutualisation dans l'ensemble de l'agglomération grenobloise avec le coût supplémentaire de la Métro. Cette association de citoyens présidée par Denis Bonzy demande la mise à plat de la totalité des conditions d'ajouts d'échelons administratifs locaux et annonce la crise financière à venir d'autres Communes de l'agglomération grenobloise.
4) Pour l'instant, dans les membres de l'ex majorité sortante PS, c'est surtout Stéphane Gemmani, Conseiller régional, qui mène un assaut très offensif, très méritant, pas à pas, chiffre à chiffre, sur les accusations portées par les Verts contre la gestion PS du dernier mandat (2008 - 2014).
C'est une situation qui mérite l'attention puisque dans les rangs des principaux responsables de l'ex majorité PS, les faits les plus importants consistent à observer ceux qui ne sont pas encore intervenus. Pour l'instant, il y a des silences qui sont quand même très surprenants. S'ils devaient demeurer encore au début de la semaine prochaine, il serait alors temps de les interpréter comme des retraits de certains responsables PS traditionnels (?).
5) En revanche, au titre des participations, il y un tweet très offensif du Président du Conseil Départemental de l'Isère, Jean Pierre Barbier, qui rompt les usages de non agression publique entre les autorités locales. Un tweet qui annonce peut-être là aussi une évolution à observer. Selon plusieurs membres proches du Président du Conseil Départemental, Jean Pierre Barbier ne cacherait plus sa "lassitude" face à ce qu'il qualifierait de "faiblesse maladive" de l'opposition municipale de Grenoble au sein même des Républicains 38.
6) Les Républicains 38 qui peinent à se mettre en ordre de marche sur Grenoble. Les élus municipaux réclament un référendum. C'est la troisième demande de ce type après les sujets de la vidéo-protection et de l'autoroute à vélos. Bien davantage, leur catalogue d'économies consiste tout simplement à supprimer des dépenses engagées par Eric Piolle depuis mars 2014, ce qui revient à considérer que le bilan de l'équipe municipale PS sortante en 2014 ne portait pas la crise en lui-même, ce qui change de l'interprétation donnée par les Verts. Il avait été question d'une structure sur l'agglomération. Mais elle n'est pas intervenue dans le débat.
Ce qui est sûr, c'est qu'avec l'initiative de Paul Bron, le débat change de dimension en cette troisième année de mandat augurant d'un lancement probable très accéléré des municipales 2020.