Donald Trump a-t-il déjà installé le "trumpisme" dans la politique française ?
Le "phénomène Donald Trump" c'est quoi ? C'est pour l'essentiel une nouvelle méthode axée sur trois règles :
1) Le pari que l'opinion n'est plus prête pour les sujets de fond et encore moins pour les nuances. Il faut donc s'en tenir aux sujets populaires des conversations et énoncer une "recette miracle" pour accrocher les amertumes, les rancoeurs ou les besoins de revanches.
2) La "carte du jour" consiste à vivre une escalade permanente dans cette logique. Il n'y a pas d'arrêt possible sur ce chemin puisque l'arrêt reviendrait à ne pas communiquer de façon visible. Ce serait tomber dans la banalité de la communication des autres. C'est d'ailleurs tout le problème de Donald Trump depuis son succès aux primaires. Il continue comme avant persuadé que changer c'est se banaliser.
3) Compter sur le "partenariat" de la presse qui relaie parce qu'elle fait d'abord la course à l'audience. C'est d'ailleurs un "partenariat" qui suscite des débats de fond actuellement au sein même des médias américains dits institutionnels. Se sont-ils trop prêtés au "jeu" et ont-ils de ce fait permis la naissance de Donald Trump et avec quelles conséquences pour l'avenir ? Hier les médias étaient supposés "faire l'opinion" ou du moins la structurer sur des sujets fondamentaux. Aujourd'hui, les médias sont-ils trop suiveurs de l'opinion y compris dans sa capacité à se contenter d'une logique de "conversations de comptoirs" avec les banalités ou les raccourcis d'usages ?
C'est un chemin qui est de plus en plus emprunté en France désormais. De façon paradoxale, dans le pays qui avait la réputation de vivre des débats trop "intellectuels" donc abstraits, peu "inclusifs".
Si ce tournant se confirme, il est annonciateur d'une campagne 2017 particulièrement agressive et violente.
Ce qui est sûr c'est que cette ambiance change considérablement le profil des "présidentiables efficaces" c'est à dire susceptibles de pratiquer les termes d'une forte exposition médiatique.
Sur des plans locaux, ce tournant a déjà été opéré parfois avec des "fièvres locales" permanentes inhabituelles dans le calendrier du déroulement classique des mandats locaux.
C'est une période peut-être nouvelle qui s'ouvre en France aussi ? Le "trumpisme" est-il en train de s'installer au centre de la vie politique française ?