Denis Bonzy : "le vrai tournant des discours inclusifs date de Deval Patrick"

Avec la Convention de Philadelphie, les médias re-découvrent les discours inclusifs. C'est une définition simple : parler aux émotions par des exemples personnels de sa vie de tous les jours. Le discours de Michelle Obama a été présenté comme l'une des plus belles réussites en la matière. Sa rédactrice, Sarah Hurwitz, a connu des "heures de gloire" après avoir été très discrète pendant 7 ans au même poste et avec le même talent.

Deval Patrick, West Roxbury, June 19, 2010

Un style et un talent initialement mis en relief par Jon Favreau. Jeune rédacteur de moins de 30 ans lors de la campagne de 2008 et qui a scénarisé une rhétorique entièrement nouvelle d'ailleurs remarquablement analysée par la revue Esprit en mai 2009.

Le véritable précurseur a été Deval Patrick. En novembre 2006, Deval Patrick est élu Gouverneur du Massachusetts avec 56 % des voix. C'est un succès considérable. Ce succès a été construit avec et à partir de réunions publiques qui ont installé une nouvelle rhétorique de discours. Le style est nouveau. Il ne s’agit pas de «grands discours conceptuels maniant des valeurs générales mais les discours deviennent des extraits de vies.



Deval Patrick a souvent arraché des larmes à ses auditeurs lors de ses réunions publiques quand il a parlé de ses propres embûches mais aussi de la connaissance qu’il a pu acquérir des difficultés de ses semblables. C’est là le mot magique actuel «ils sont des semblables», des «gens normaux connaissant la vie quotidienne». J'ai assisté à des réunions publique de Deval Patrick sur Boston et à Cape Cod où à la sortie vous aviez réellement envie de devenir militant tant le discours était inclusif c'est à dire avec un concret qui vous concerne directement et sur un ton aimable, constructif, positif.



En 2008, Barack Obama a repris cette logique. Le tournant apparaît d'ailleurs manifestement courant le 1er trimestre 2007 à la différence du discours de Boston lors de la Convention de 2004 au Fleet Center pour l'investiture de John Kerry.

C'est un style d'écriture très difficile qui demande une très grande connaissance de l'orateur par la "plume". C'est aussi une "musique" de prononciation qui suppose de "mettre dans la confidence" et non pas de proclamer à forte voix. La Convention de Philadelphie vient de remettre ce mode de discours à l'honneur. C'est bien qu'il en soit ainsi.

Denis Bonzy

  • Publié le 28 juillet 2016

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