Alain Juppé et la portée de sa confidence sur "la nullité du débat politique"
Via son compte Twitter, Alain Juppé aujourd'hui a dénoncé et regretté "la nullité du débat politique". C'est traditionnellement une confidence ou un regret de ... perdant.
Comment imaginer que la personne qui pense gagner un débat électoral puisse le qualifier de ... "nul" ? C'est impossible.
Cette confidence, c'est classiquement l'antichambre de la distanciation pour se préparer à l'échec.
En réalité aujourd'hui, chacun se prépare à voir Nicolas Sarkozy gagner le 1er tour de la primaire. L'enjeu réel, c'est l'écart de voix en sa faveur.
Si l'écart est fort le soir du 1er tour, il sera difficile à tous les perdants de s'unir pour battre le vainqueur du 1er tour dans de telles conditions. C'est le constat effectué en 2012 par tous les candidats PS face à l'avance de François Hollande sur Martine Aubry.
Si l'écart est étroit, la marge de manoeuvre de l'union du "tout sauf Sarkozy" est alors possible.
Pour que l'écart soit étroit, Alain Juppé est progressivement entré dans une seringue redoutable : accepter d'accréditer l'idée que son score pourrait être celui de soutiens du centre gauche. C'est le plus sûr moyen de souder l'électorat de droite autour de Nicolas Sarkozy parce que cet électorat veut "un candidat de droite avec une politique de droite" !
Par ailleurs, à ce jour, l'organisation matérielle du vote est loin d'être huilée. Il y a des étapes lourdes à monter : signaler les bureaux de votes dans des lieux parfois inconnus, organiser les caisses pour rendre la monnaie à ceux qui vont venir avec un billet de 10 € pour payer la cotisation de 2 € ...
Pour surmonter ces obstacles, il faut être militant. Et le réseau des militants est derrière Nicolas Sarkozy.
Cette confidence d'Alain Juppé marque probablement un vrai tournant dans la tête d'Alain Juppé : l'expression d'une prise de conscience progressive que la victoire est loin d'être aussi évidente qu'il ne pouvait y paraître avant la coupure d'été.