Patrick Stefanini ou l'art de la carte électorale
Dans la réussite de François Fillon, il y a des volets pratiques insuffisamment mis en relief actuellement dont le choix du terrain. Ce choix du terrain a été le parti pris permanent de la campagne mais aussi celui de l'organisation.
Avec à la manoeuvre un expert en carte électorale comme Patrick Stefanini, c'est la revanche du détail du terrain sur les plateaux TV.
Patrick Stefanini est probablement le meilleur connaisseur en France de la carte électorale. Pendant longtemps, il était capable de tête de retracer l'historique des élections d'une circonscription en mettant en relief les acteurs publics influents. C"était très impressionnant. Une culture et une mémoire qui ouvraient l'envie de questionner pour tester les éventuelles limites de cette connaissance.
La campagne de François Fillon a d'abord été celle des vrais "notables" locaux. Ils ne défilent pas sur les plateaux TV parisiens mais ils "tiennent" remarquablement leurs réseaux de proximité. C'est la vraie victoire de la "France des provinces" qui a d'autant mieux répondu que la personnalité et le programme de François Fillon répondaient à ses attentes.
Sous cet angle, ajouté au rythme permanent des campagnes électorales sur les 4 dernières années, c'est la revanche des provinces et des maillages territoriaux sur les opérations médiatiques.
Dès les municipales de mars 2014, François Fillon alors avec l'aide de Dominique Bussereau a pesé sur les désignations des candidats aux municipales. Patrick Stefanini pour François Fillon et Jérôme Lavilleux pour JF Copé se réunissaient avant chaque commission d'investiture pour "évacuer" les désignations "consensuelles" entre les deux camps. Pour les désignations non consensuelles venant alors en commission nationale d'investiture, les conciliations ont parfois été très orageuses (Paris, Cannes tout particulièrement).
Ce maillage des territoires a considérablement fait défaut à Nicolas Sarkozy et à Alain Juppé. Ce dernier ne l'a mis en oeuvre que dans le Sud Ouest et le résultat pour lui a été significatif dans cette région.
Sous cet angle là, loin des considérables très ponctuelles, c'est une donnée qui mérite l'attention car le "décalage" résidait surtout sur le faible score de François Fillon comme dans la fulgurance de sa percée. Mais l'étiage moyen devait nécessairement le situer bien au-dessus des 10 % longtemps affichés.