2016 et le fact-checking en total hors jeu
Pendant des années avec la montée en puissance du fact-checking, la présentation admise consistait à considérer que la vérification de la matérialité de faits et de chiffres vivrait son heure de gloire en 2016 avec la présidentielle américaine.
Ce fut tout le contraire. Les campagnes 2016 ont été celles de l'enterrement du fact-checking. Donald Trump a pu affirmer des chiffres, des réformes sans la moindre vérification sur la justesse ou la concrétisation possible. Lors d'une contradiction face à ses affirmations, il lui suffisait de dire "c'est faux" lors de la moindre contradiction et les affirmations contraires se neutralisaient.
Lors de la primaire de la Droite en 2016 en France, François Fillon présente un "programme de rupture" avec des annonces très fortes sur les suppressions d'emplois dans la fonction publique ou des montants de diminution de dépenses publiques. Chiffres vrais ? Faux ? Quelles conséquences pratiques ? Le fact-checking est absent. Totalement.
Pourquoi à ce point ? Parce que l'opinion ne reconnait plus de "directeurs de consciences" ou de "faiseurs de vérités" même dans les chiffres. Elle s'est émancipée de tous ces repères.
Le fact-checking est désormais "hors jeu".
A Harvard, Kellyanne Conway résumait tout :"l'enthousiasme populaire emporte tout sur son chemin. L'enjeu, c'est de susciter l'enthousiasme ...".
Face à l'enthousiasme, le fact-checking n'aurait donc plus d'espace. Un point important avant la présidentielle française 2017.