Vincent Peillon et la crise des primaires
Le dispositif des primaires à la française avance vers une crise incontournable. Le mécanisme américain est totalement dénaturé et la transposition de cette sélection à la politique française suscite des effets pervers de plus en plus manifestes.
Aux Etats-Unis, les primaires se justifient historiquement par deux réalités. D'une part, un scrutin à un tour à toutes les élections et non pas à deux tours comme en France. D'autre part, un cadre de bipartisme. Il y a deux partis politiques et deux seuls ou du moins très principalement.
C'est le cumul de ces deux réalités qui explique et justifie les primaires.
Des faits conjoncturels peuvent justifier en France le mécanisme des primaires :
- la force du FN qui le qualifie pour le second tour et cela voue donc le premier tour à une fonction particulière,
- la prolifération des candidatures au sein des partis qui doivent être hiérarchisées pour éviter une profusion ingérable,
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Mais le dispositif montre des effets pervers majeurs :
- l'échantillon qui se mobilise radicalise un choix face à un échantillon plus global. Ce qui peut poser des problèmes de successions de projets entre une primaire et une élection générale,
- les compétitions éclatées qui font de la primaire un cadre de règlements de comptes divers y compris personnels,
- la logique de candidature pour gagner en notoriété et non pas pour gagner,
- transformer les primaires en votations des ex-Congrès des partis politiques,
- et pire encore l'appel à voter lancé à des citoyens qui manifestement n'appartiennent pas à la sensibilité du parti qui organise la primaire,
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Vincent Peillon est l'exemple d'une crise potentielle. A force d'émietter les "candidats modérés" face aux radicaux, n'est-ce pas la plus sûre façon de mettre en vainqueur un candidat radicalisé ? A quand la primaire des primaires à ce rythme ? La mode risque de très vite passer.