Les sondages ou l'horoscope des élections
Les sondages, c'est comme l'horoscope. Peu de monde les croit mais pour autant chacun les parcourt avec gourmandise.
2016 montre combien l'opinion est capable d'échapper à un « gouvernement des sondages ».
La profusion de sondages peut lasser l’opinion mais présente au moins deux effets positifs très importants :
- d’une part, elle réduit l’écart d’information entre les détenteurs de sondages privés et ceux qui n’ont connaissance que des sondages publics. Plus les sondages publics sont nombreux et diversifiés, moins cet écart d’information est grand. Ce qui est un bon point dans une démocratie,
- d’autre part, la multiplication des sondages réduit les risques d’intoxication donc de manipulation de l’opinion. Dés l’instant que les sondages sont très nombreux, celui qui ne respecterait pas une stricte rigueur professionnelle serait immédiatement corrigé par un autre sondage et serait ainsi placé en difficulté.
Tous ces arguments vont donc à l’opposé de bon nombre d’idées très souvent admises en la matière.
D’autres questions importantes demeurent quand même pour que cette « sondomanie » ne compte pas trop d’effets négatifs.
D’abord, les précautions nécessaires pour distinguer l’intention de vote et le vote. Le sondage n’enregistre pas un vote mais une intention de vote à un moment donné. L’intention est une chose. Le passage à l’acte en est une autre. L’histoire des sondages montre que la courbe de l’opinion publique ne présente jamais une grande régularité dans le rapport entre ces deux notions différentes.
Ensuite, l’élément majeur réside dans la fermeté de l’intention de vote. Cette notion très subjective montre vite l’approximation qui existe dans la notion même d’intention de vote.
Enfin, les instituts devraient clarifier publiquement la notion de « correction des résultats ». Le redressement des sondages préélectoraux est une technique nécessaire qui a gagné en qualité mais qui laisse encore une part important à « l’intuition ».