#Eau : l'enquête UFC Que Choisir et la réalité des menaces sur l'eau
UFC Que Choisir vient de publier une enquête intéressante sur la qualité de l'eau en France. Partant des résultats des analyses réalisées par les ARS sur l’ensemble du territoire et considérant cette fois 50 critères (contre 5 dans sa précédente enquête).
La France a été capable de mener une politique de l'eau qui a été exemplaire pendant de nombreuses décennies notamment grâce à l'action des Agences de l'eau qui ont été une véritable création de "génie" dans les années 60 avec la logique des bassins versants donnant une réelle cohérence.
Mais cette politique novatrice a ensuite été altérée par des considérations qui ne correspondent pas ou peu à la réalité du terrain.
1ère considération : le choix du « toujours prévu ». Pour bon nombre de textes, l’imprévisible ne doit pas exister.
2ème considération : le parti pris du « toujours long ». Plus les parties s’engagent dans un processus long, compliqué, plus les actions seraient de qualité.
3ème considération : la préférence du « toujours pareil ». Si un dispositif se distingue des normes « générales», il porte en lui une présomption de défauts.
Ces trois considérations sont à l’opposé de la réalité des exigences du terrain.
Ces dernières années, des erreurs considérables ont amplifié ce socle à problèmes :
1) l'effort sur les canalisations a été levé. En matière d’alimentation en eau potable, sur les 1,7 milliards de m3 prélevés annuellement, près de 30 % (soit 500 millions de m3) ne parviennent pas au robinet du consommateur. En mai 2016, le Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durable a publié un rapport alarmant en la matière mais un rapport resté sans la moindre suite concrète.
2) Face au réchauffement climatique, la systématisation d’alternatives de ressources en eau est un sujet mal traité. Pour faire face aux risques qualitatifs et quantitatifs, une double action devrait être conduite :
- d’une part, le subventionnement à 100 % de la recherche de champs captants nouveaux ;
- d’autre part, un bonus significatif pour tout projet intercommunal de maillage de réseaux. Aucune aide spécifique suffisante n’est prévue à ce jour à cet effet.
3) Le renouvellement des ouvrages d’épuration : les installations d’épuration, comme toutes les installations, s’usent avec le temps. Or, les travaux qui doivent intervenir pour maintenir la même qualité effective de service viennent en concurrence avec les travaux neufs. Une collectivité locale ne pratique pas l’amortissement financier des ouvrages. Les renouvellements sont financés comme de premiers investissements. Un fonds qui rémunérerait l’épargne réalisée par les Communes en vue de financer à terme le renouvellement des équipements en ce domaine serait une initiative très utile.
4) Et la quatrième erreur réside dans la loi Brottes qui banalise terriblement la faculté de ne pas payer l'eau. Quelle autre ressource rare peut être "sans prix" ? Aucune. En réalité avec la loi Brottes, le Gouvernement a "privatisé" la gestion sociale de l'eau ce qui est une faute considérable connue dans aucun autre pays comparable à la France.
Si ces erreurs ne sont pas rapidement corrigées, c'est un véritable démantèlement de la politique de l'eau qui est engagé. La crise de l'eau ne devrait plus tarder en France en cycle long de réchauffement climatique.