Providence (RI) : Justin Trudeau et son appel aux "Etats libres"
C'est un discours très important sur le fond qu'a prononcé Justin Trudeau à Providence (RI) lors du sommet fédéral des Gouverneurs américains. Il en appelle aux autorités locales (Gouverneurs et Maires) pour défendre des valeurs actuellement compromises par la politique fédérale de Donald Trump.
C'est la première fois qu'il en est ainsi publiquement dans de telles circonstances. Pour voir l'ampleur d'un tel acte, imaginons le parallèle en France. Un Premier Ministre d'un Etat voisin (par exemple Italie ou Espagne) vient participer à une réunion de Maires et de Présidents de Régions dans une région dirigée par un opposant à la sensibilité politique de la majorité présidentielle et il appelle au travail direct en commun pour mener une politique qui va à l'encontre des priorités nationales. Ce serait perçu comme une ingérence quasi-inacceptable. C'est pourtant ce que Justin Trudeau vient de faire vis à vis de son voisin américain.
Pourquoi est-ce possible à ce point ?
D'abord, parce que le mouvement de "résistance" est né bien avant l'intervention de Justin Trudeau. Donc Justin Trudeau accompagne un mouvement et ne le crée pas.
Ensuite, parce que ce mouvement sur des sujets comme le climat ou le libre échange suscite un tollé considérable qui bouleverse les frontières politiques classiques.
Enfin, parce que Donald Trump est terriblement affaibli par le RussiaGate. Que la situation politique interne est d'abord celle de l'immobilisme tant les volontés présidentielles sont sans le moindre effet. Donald Trump procède par affirmations. Mais des affirmations bloquées par sa propre majorité. Sa majorité au sein même du Congrès. Une situation là aussi inédite à ce point. Surtout en début de mandat présidentiel. Mais aussi parce que le régime fédéral offre une capacité de "résistance" et de vraies actions qui n'existent pas dans des régimes politiques non fédéraux.
Ce qui est certain, c'est que Justin Trudeau vient de créer un précédent réellement historique. Il faudrait peut-être remonter au "Québec Libre" du Général de Gaulle pour vivre un tel parallèle ... ?