Alain Juppé ou les deux faces de la Droite
La sortie de l'été 2016 c'est le début de la descente aux enfers pour la Droite française. Jusqu'à l'été 2016, Alain Juppé et la Droite ont la "présidentielle gagnée". 12 mois plus tard, elle a tout perdu. A un point tel que le séminaire des Jeunes Républicains se déroule actuellement au Touquet sous le mot d'ordre : "Sauvons la Droite". C'est dire combien elle est menacée.
Pendant l'été 2016, la Droite au lieu de se ranger derrière son champion incontesté dans les sondages décide de le ... "dégommer". Et tout y passe : rappel d'un passé judiciaire, allusion à de fausses proximités avec certaines religions, âge, réussite de Bordeaux susceptible de ne pas permettre de connaître la "France qui souffre" ... A la sortie de l'été 2016, Alain Juppé n'est plus rassembleur. Il est celui qui empêche le succès des autres à Droite dans le cadre de l'élection jugée comme la plus ... imperdable de la V ème République pour la ... Droite.
Une situation d'autant plus surprenante que la mode Juppé vivait depuis 2011. Par conséquent, elle était tout sauf récente et éphémère.
Revenir à l'ambiance de l'été 2016 avec la situation politique née 12 mois plus tard montre l'immensité du choc intervenu. Et davantage encore l'immensité de l'autre choc qui aurait pu intervenir. Alain Juppé à l'Elysée, c'était l'implosion du PS et peut-être sa réelle disparition. Alors qu'aujourd'hui, il ne faut jamais oublier que la majorité présidentielle, c'est d'abord le recyclage de très nombreux ex-députés PS ou très proches collaborateurs avec l'appoint d'une partie de la droite modérée. Avec Alain Juppé, le tournant aurait probablement été différent : une large majorité de parlementaires de Droite avec l'appoint de quelques socialistes modérés.
Lors de la présidentielle, la Droite n'est jamais compréhensive avec ses candidats modérés. Comme si elle considérait que l'élection se gagnait toujours à Droite, ce qui a toujours été ... faux. La Droite française a battu Jacques Chaban Delmas, puis Raymond Barre, puis marginalisé Philippe Seguin, ensuite infligé une fessée à ses "rénovateurs" modérés (Noir, Barnier ...). Et la liste est longue. Alain Juppé s'ajoute à cette liste. Ce qui est nouveau et très surprenant, c'est qu'en raison de l'âge d'Alain Juppé, les ambitieux n'avaient pas à attendre de nombreuses décennies pour envisager l'étape suivante. Mais même cette patience modérée là, ils n'ont pas su ou voulu l'intégrer. Et ils doivent aujourd'hui compter avec le ... plus jeune président de la Vème République !