Roselyne Bachelot et la crise du système médiatique national
Alors que la France a connu une tendance inhabituelle lors de sa dernière présidentielle à vivre des mises en cause très violentes et graves de journalistes lors de réunions publiques (François Fillon faisait régulièrement siffler les journalistes présents !), la rentrée de septembre 2017 apporte de l'eau au moulin des détracteurs du système médiatique national.
La raison : le recyclage en grand nombre d'ex politiques battus par les urnes et désormais présents sur les ondes. C'est la caricature d'un "entre soi" d'un microcosme parisien où s'entremêlerait en permanence journalistes et politiciens. Une situation d'une extrême gravité qui va peser durablement sur la crédibilité de médias nationaux.
L'opinion se pose en effet une question simple : comment des personnes engagées depuis des décennies pourraient-elles laisser au vestiaire cet engagement pour s'ouvrir à une présentation "objective" de faits ?
Aux Etats-Unis, l'intervention d'ex-politiciens est fréquente lors d'émissions TV ou radios. Mais cette intervention se produit soit dans le cadre d'émissions où la répartition partisane des approches est assumée, claire soit ans le cadre de médias qui ont au fronton leur engagement ouvertement partisan. La frontière pour ces intervenants n'est donc pas de cacher leurs engagements partisans mais de soit les modérer dans un cadre plus global d'explications grâce à leur expérience soit de les radicaliser pour fidéliser une audience très segmentée. Là, en France, ce sont des approches totalement différentes. Ces ex-politiciens occupent la place de journalistes : modérateurs, porteurs de tribunes ... C'est une confusion qui naît et qui accrédite l'idée que l'information pourrait être "engagée" sous une apparence d'objectivité. C'est une rupture considérable dans la tradition française de l'information qui avait mis parmi ses fondamentaux la qualité d'impartialité. C'est aussi une évolution du profil des politiciens comme s'ils ne pouvaient ni vivre une retraite avec le recul nécessaire ni s'abstenir de vivre à l'écart des plateaux TV ou des réseaux radios. Roselyne Bachelot est une quasi caricature car elle a connu tous les registres : depuis les émissions qui relèvent manifestement de la variété et non pas de l'information jusqu'à ... l'information.
Si les structures dites "intermédiaires" dont les médias perdent la confiance populaire, c'est une page nouvelle qui s'ouvre augurant des chocs directs entre les instances de décision et les citoyens. Une évolution très inquiétante sur le fond.