Nicolas Hulot et l'exigence de protection de "l'école française de l'eau"
Avec la récente grève de salariés de Veolia, l'opinion publique française découvre que l'un des majors nationaux de la profession de l'eau supprime un nombre considérable d'emplois dans le cadre du 4 ème plan social depuis ... 2014.
Depuis plusieurs années, "l'école française de l'eau" est en péril. C'est le fait de 3 facteurs principaux. Tout d'abord, depuis plusieurs années, la logique de la baisse constante du prix de l'eau a terriblement fragilisé ce secteur. Quel autre service pourrait résister à une course permanente au prix le plus bas ? Quel autre service subirait sans la moindre conséquence la logique de l'amélioration du service pour un prix toujours plus bas ? C'est impossible dans la réalité des faits. Non seulement c'est impossible, mais c'est aussi la reconnaissance officielle de la perte de référence-valeur d'une ressource naturelle terriblement fragile.
Ensuite, l'impact de la loi Brottes est considérable. Les impayés explosent. Là encore, aucun autre secteur est pareillement démuni de mesures dissuasives pour obtenir une négociation efficace de paiement d'un service rendu. La loi Brottes pénalise le secteur public et le privé puisque les régies constatent le même impact que les distributeurs privés. Et un impact sur des bases très arbitraires puisque le "filtre social" de "l'impossibilité financière" a disparu. La seule mesure raisonnable objectivement était celle de renforcer les dotations des structures publiques sociales classiques par exemple par une taxe très faible sur l'eau embouteillée pour doter ces structures publiques de moyens financiers de nature à régler les factures de familles à la situation financière manifestement délicate. Et une mesure de ce type, recommandée par le Conseil de l'eau, aurait eu aussi pour avantage d'engager une lutte de fond contre les déchets plastiques des bouteilles d'eau.
Enfin, c'est tout l'édifice public des organismes compétents qui est déstabilisé. Avec la COP21, François Hollande et ses collaborateurs ont voulu faire croire que la France était la bonne élève en matière de climat et de protection des ressources naturelles : faux ! Dans les faits quotidiens, l'Etat français est en-dessous des défis officiellement reconnus. Ainsi, pour un sujet aussi important que l'eau, l'Etat n'honore plus ses obligations de base. Il vampirise régulièrement les trésoreries des Agences de l'Eau les affaiblissant d'autant. En avril 2017, l'Ademe, autre intervenant public de référence en ce domaine, n'arrivait même plus à boucler ses fins de mois. L'ADEME a alors officiellement décalé ses subventions pour honorer les salaires de ses collaborateurs. Les canalisations n'ont jamais été aussi vieilles donc fuyardes donc pénalisantes pour le respect de l'eau (cf rapport public officiel du CGEDD de mai 2016) ...
Nicolas Hulot doit, de façon urgente, changer de paradigme en la matière. La France est entrée dans une réelle zone à risques majeurs dans ce domaine. Et Nicolas Hulot doit mettre à profit ses talents pédagogiques pour inverser rapidement des tendances qui sont destructrices à court terme désormais dans des conditions d'extrême gravité.