Tony Blair et le diagnostic de l'impasse actuelle des gauches occidentales
Une fois de plus, Tony Blair n'hésite pas à choquer. Il revient à son ancrage de départ. Pour Tony Blair, les gauches occidentales sont dans une impasse. En perte de sens. Elles sont incapables de trouver un message entre la social-démocratie de gouvernance et les gauches radicalisées.
Au début de sa carrière, Tony Blair casse les codes du Parti Travailliste. Il revient des Etats-Unis et voue une admiration forte à Bill Clinton qui a mis en oeuvre la tactique de la triangulation : reprendre les idées fortes de ses concurrents mais pas au prix de perdre son socle électoral traditionnel. Et Tony Blair applique toutes les recettes de Clinton : depuis la "war room" jusqu'à l'ordinateur centralisateur de toutes les données électorales en passant par cette volonté assumée d'aller chasser sur les terres des valeurs concurrentes.
Et tout fonctionne à merveille. Tout fonctionne jusqu'à la guerre d'Irak pendant laquelle Tony Blair va se scotcher à GW Bush au prix de perdre son pouvoir personnel.
Mais, à l'exception de cet épisode, les capacités intellectuelles de Tony Blair sont unanimement reconnues. Même par ses adversaires les plus irréductibles. Et Tony Blair profite de cet actif pour rester sur la scène publique. Il occupe la fonction de celui qui a une case d'avance en matière d'analyse. Cette avance, Tony Blair l'occupe sur le diagnostic des gauches. Comme le travaillisme était guidé par le socialisme avec une approche syndicale forte, Tony Blair indique que toutes ces composantes sont en crise. Le syndicalisme ne recrute plus. Le socialisme est abandonné. Comment avec ces deux socles en crise, la gauche pourrait-elle être encore en forme ?
Tony Blair avance donc le constat d'une réelle crise systémique des gauches occidentales. C'est la crise de leur mode de pensées, de leurs modèles, de leur supports. Une analyse qui mérite la réflexion sérieuse car elle est indiscutablement dotée d'un réalisme incontestable. Mais il reste surtout à identifier les voies du redressement et sur ce point Tony Blair reste ... silencieux.