Nicolas Hulot et le refus de considérer l'eau comme un vecteur de croissance économique
Cette semaine, Nicolas Hulot a officialisé que le Gouvernement entendait effectuer une économie de 136 millions d'euros sur les Agences de l'Eau l'an prochain. Et des chiffres considérables circulent au sujet de la baisse de moyens dans le prochain contrat pluri-annuel. C'est grave face à l'actualité. Mais surtout, c'est la démonstration que le Gouvernement refuse de considérer l'environnement et plus particulièrement l'eau comme un vecteur de croissance économique donc de création d'emplois.
L'école française de l'eau a longtemps été une référence internationale. Mais cette tradition reçoit des coups tellement forts qu'elle parait vouée à un déclassement brutal. La loi Brottes a totalement déstabilisé un dispositif fonctionnant sur le principe de "l'eau paye l'eau". Les impayés battent désormais des records. Et bientôt, les hausses du prix de l'eau seront incontournables pour que les "bons payeurs" épongent les ardoises des ... "mauvais payeurs", ce qui est quand même un échec terrible dans la sensibilisation à la gestion de la ressource.
Pour le prochain contrat de plan, il est question d'une baisse de 25 à 30 % des dotations des Agences de l'Eau. Cela signifie quoi concrètement ? Soit l'arrêt brutal de lignes d'aides pour maintenir un niveau élevé d'aides sur les autres lignes maintenues. Soit un lissage global dans l'hypothèse du maintien de toutes les actuelles lignes d'aides. Mais surtout, c'est l'annonce de 3 années redoutables (2020 - 2023) quand les Agences auront alors une chute de leurs dotations avec pour autant la fin des actuelles autorisations d'aides à honorer alors en terme de trésorerie.
Sur le fond, le message passé, c'est que le Gouvernement ne croit pas que l'eau puisse être un vecteur de croissance économique. Et sur ce volet, c'est une méprise grave. Il faut remarquer qu'au même moment, aux Etats-Unis, 14 Etats viennent de s'engager pour des efforts prioritaires à destination de l'environnement. Californie, Colorado, Connecticut, Delaware, Hawaï, Massachusetts, Minnesota, New York, Caroline du Nord, Oregon, Rhode Island, Vermont, Washington et Porto Rico (qui n’a pas le statut d’État) : voilà la liste à ce jour des 14 Etats qui entendent se démarquer des orientations fédérales américaines pour continuer à respecter les orientations de la COP21.
Ces États représentent 40 % de la population américaine et, en cumulé, la troisième puissance économique de la planète. Ils entendent surtout montrer qu'il est possible de respecter une priorité donnée à l'environnement et vivre une forte croissance économique. Ils considèrent que l'environnement est le nouveau vecteur de croissance économique et donc de créations d'emplois. C'est le contraire des arbitrages financiers cautionnés par Nicolas Hulot.