La Droite française face à trois défis inédits sous la V ème République
La Droite française doit actuellement affronter trois défis totalement inédits pour elle sous la Vème République. Le premier défi réside dans l'interprétation de la victoire même d'Emmanuel Macron.
La question posée est la suivante : Emmanuel Macron a-t-il fait exploser le système par sa victoire ou sa victoire est-elle la traduction d'un système qui avait explosé antérieurement ? Si à cette question, la réponse est oui au premier volet, cela signifie qu'en cas d'échec d'Emmanuel Macron, le système classique aura vocation à se reconstituer. Mais si la réponse est qu'Emmanuel Macron a gagné parce que le système ancien avait explosé, c'est reconnaître une crise systémique qui condamne le système ancien à ne pas se reconstruire sur les bases anciennes.
Second défi, que peut-il rester comme électorat à la Droite si les CSP + la quittent pour rejoindre En Marche et les couches populaires pour rejoindre la France Insoumise (FI) et le FN ? C'est le même défi actuellement pour le Parti Démocrate américain : quel socle sans les femmes, les jeunes et les noirs ? Quand un système explose, c'est qu'il ne répond plus aux "frontières électorales" traditionnelles. En France, la Droite parlementaire, c'était le parti de l'entreprise, des commerçants, des artisans quand le PS était celui de la fonction publique. Mais dans la réalité des législatives 2017, les succès des candidats En Marche ont souvent été obtenus dans les quartiers les plus ... aisés, ceux des entrepreneurs et des professions libérales. Si la Droite perd les CSP + pour En Marche et les couches populaires pour FI et le FN, c'est un socle de 10 à 15 % qui n'ouvre plus les portes de la victoire. De même pour le PS s'il perd la fonction publique d'exécution pour FI et FN sans regagner l'électorat ouvrier, il chute à une zone de 10 à 15 % au mieux mais ce n'est plus qualificatif pour la victoire. Pour la Droite comme pour le PS, l'enjeu est donc dans la reconquête de leurs bases électorales traditionnelles.
Troisième défi, l'implantation locale. La Droite n'est pas parvenue à capitaliser son implantation locale très forte gagnée en 1014 et 2015 c'est à dire dans des années de rejet du hollandisme. Pourquoi ? Parce que le local a perdu une valeur de référence. L'intercommunalité trouble terriblement l'image des Communes. Les Régions sont très lointaines sans racine historique. Les Départements ont perdu des compétences majeures au profit des Régions. Les restrictions budgétaires successives privent les Communes de moyens d'actions. Pour toutes ces raisons, le transfert au profit d'exemples locaux n'existe plus. Ce qui est très différent des années 80 au profit de la Droite face à la crise de Mitterrand ou au profit du PS ensuite face aux faiblesses nationales de la Droite. Le "local" a trop perdu de pouvoir visible pour être perçu comme un terrain d'alternatives.
Pour toutes ces raisons très pratiques, la reconstruction de la Droite s'avère très délicate et considérablement plus éloignée que les transferts mécaniques traditionnellement observés jusqu'alors lors des "cures d'oppositions".