Alabama : les vrais gagnants modernes
Le scrutin de la sénatoriale dans l'Alabama met en relief des gagnants qui méritent l'attention car c'est la consécration de tendances qui changent souvent la donne traditionnelle des élections.
1) C'est d'abord la victoire des campagnes négatives : les scrutins sont devenus plus que jamais des votes d'élimination. Ce qui signifie aussi que l'interprétation durable des scrutins est impossible sérieusement. Puisque les critères d'élimination vont changer sur le profil des candidats et en fonction de la mobilisation de l'opinion sur des causes ponctuelles.
2) C'est ensuite la défaite de l'obstination. Le candidat républicain a voulu gagner contre l'opinion. Dans une démocratie moderne, même avec un terrain électoral très favorable, on ne gagne pas contre l'opinion. L'Alabama, pour des motifs différents, c'est la copie de la défaite de la droite en France au printemps 2017. Jamais le pays n'avait été aussi prêt pour une victoire qui allait s'éloigner irrémédiablement avec les "affaires".
3) L'élimination est d'abord la victoire des plus mobilisés pour voter contre. Le score de l'Alabama ne se comprend pas sans la mobilisation du vote afro-américain. L'examen des bureaux de votes est indiscutable en la matière. Sur des villes où des études sérieuses ont été conduites, il ressort que 96 % d'électeurs afro-américains ont voté démocrate.
4) Cette mobilisation a été celle des citoyens et non pas des militants démocrates. L'appareil local du parti démocrate n'existe pas. Ne fonctionne plus.
5) Il y a des vagues de l'opinion contre lesquelles aucun candidat ne peut résister. La vague #MeToo va susciter un dégagisme considérable. Une réalité que Donald Trump doit manifestement mieux considérer à l'approche de 2018.