Eau : l'enjeu n°1 du dérèglement climatique

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Les actuelles inondations comme, à l'autre extrême cet été avec la canicule et les problèmes d'alimentation en eau, montrent, si besoin était, combien le dérèglement climatique installe l'eau au coeur de nouvelles politiques publiques indispensables.

Le Gua

Les différentes lois qui sont intervenues en France ces dernières années en matière de gestion de l’eau ont souvent reposé sur des considérations éloignées de la réalité matérielle de la gestion de cette ressource naturelle.

Ce faisant, ces dispositifs ont mis en évidence des considérations qui ne correspondent pas ou peu à la réalité du terrain.

1ère considération : le choix du « toujours prévu ». Pour bon nombre de textes, l’imprévisible ne doit pas exister. Or, la nature (dont la météo) est faite d’imprévisible à moyen terme.

2ème considération : le parti pris du « toujours long ». Plus les parties s’engagent dans un processus long, compliqué, plus les actions seraient de qualité. Il y a des moments où des actions rapides, immédiates sont indispensables.

3ème considération : la préférence du « toujours pareil ». Si un dispositif se distingue des normes « générales», il porte en lui une présomption de défauts. Une uniformité que ne connait pas la nature.

Avec de tels principes, la France qui avait pris de l'avance avec la loi de 1964 sur les Agences de l'Eau est désormais en retard. Un retard d'autant plus inquiétant que le 11 ème programme des Agences de l'Eau est caractérisé à ce jour par la baisse très importante des moyens financiers comme des moyens humains.

C'est une nouvelle politique d'ensemble de l'eau qui est nécessaire. Elle doit viser à renforcer les économies dans l'utilisation de la ressource en eau donc en luttant contre les gaspillages en assurant la seule nécessaire mobilisation de la ressource en eau. En matière d’alimentation en eau potable, sur les 1,7 milliards de m3 prélevés annuellement, près de 30 % (soit 500 millions de m3) ne parviennent pas au robinet du consommateur. L’Etat, en liaison avec les Départements, pourrait élaborer un cahier des charges type qui mobiliserait, par des boni significatifs, les Communes dans le diagnostic réseau d’eau et a fortiori dans la réalisation des travaux sur le réseau. Ce bonus peut revêtir deux aspects : des avances (taux 0,5 % à 1 %) sur 15 ans avec un léger différé de remboursement ; une majoration de 20 % des subventions pratiquées en la matière. Cette majoration reviendrait alors à une quasi-gratuité du diagnostic pour les Communes.

Il faut également renforcer la sécurité de l'alimentation en eau potable. Au cours des dernières années, des accidents survenus dans l’approvisionnement en eau potable de grandes agglomérations ont mis l’accent sur la vulnérabilité des systèmes de production d’eau.
Dans ce cadre, un effort prioritaire est à conduire pour la mise en place de dispositifs de protection immédiate. Le renforcement des stations d’alerte est une ardente obligation. Mais surtout, la diversification des ressources est seule de nature à constituer, à terme, la protection la plus efficace entre les divers risques. L’Etat devrait accompagner d’aides significatives exceptionnelles cette diversification des ressources.

Enfin, il y a une "bombe écologique" qui est engagée au sujet du renouvellement des ouvrages d’épuration. Les installations d’épuration, comme toutes les installations, s’usent avec le temps.
Or, les travaux qui doivent intervenir pour maintenir la même qualité effective de service viennent en concurrence avec les travaux neufs. Une collectivité locale ne pratique pas l’amortissement financier des ouvrages. Les renouvellements sont financés comme de premiers investissements. Les équipements qui datent souvent des années 80 sont à bout de souffle.

Ces réalités montrent la nécessité urgente d'un très gros effort financier. Faute de quoi, la France décrochera encore davantage dans un domaine où elle a longtemps été une référence internationale.

  • Publié le 26 janvier 2018

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