Haroun Tazieff : 20 ème anniversaire de son décès
Haroun Tazieff, c'est le dernier tintin vivant. Ou pour les passionnés du cinéma : "l"homme de Rio". L'aventure à la porte. Permanente, Immédiate. Impétueuse. Un scientifique remarquable qui a su être l'un des premiers à vouloir et surtout savoir faire partager ses connaissances techniques.
Tazieff, Cousteau, Frison Roche ... : des noms de légendes qui ont permis à des sciences d'effectuer des bonds de géant dans les domaines respectifs. Mais Haroun Tazieff a fait davantage : il a accepté l'engagement civique. Le 29 novembre 1990, Haroun Tazieff, scientifique de terrain alors internationalement reconnu, publie un article dans le quotidien Le Monde. Il réclame pour l’environnement un “vrai ministère”. Et il dresse une liste très complète des recommandations.
Près de 30 ans plus tard, rien n’a été fait. Le diagnostic était excellent. Il était public. Mais il s’est heurté au mur de l’impuissance publique française. Il est vrai qu’il suffit de parcourir la liste des “ministres” de l’environnement pour ne pas être surpris de l’inefficacité en France dans ce domaine : Bachelot, Olin, Létard, Batho, Martin … Ils changent tout le temps. Ils viennent souvent de nulle part, pour plusieurs d’entre eux avant d’y … retourner quand d’autres sont des interchangeables avant de terminer comme animatrice humoristique sur des plateaux TV ou radios (Bachelot). Pour l’essentiel, que recommandait Tazieff : donner le pouvoir au terrain ! Il faut une immense pédagogie collective pour agir. Agir au plus près des besoins. Au plus près des réalités diverses de la nature. Car la nature est diverse. Et les bureaucrates parisiens ne veulent pas le comprendre eux qui ne connaissent que ... l’uniformité tellement plus facile à gérer.
Haroun Tazieff était un rebelle. Un vrai. Avec le recul, ses diagnostics souvent protestataires face à la pensée officielle du moment ont montré leur qualité, leur justesse, leur pertinence. Une réalité qui aurait mérité une meilleure reconnaissance ... officielle. Comme si la pensée officielle prenait aujourd'hui sa revanche sur celui qui avait tant osé la contester hier ...