Et si la victoire de Conor Lamb était aussi une leçon pour le Parti Socialiste français ...
Les partis politiques traditionnels sont malades. Gravement malades. Pourquoi ? Pour une grande partie parce qu'ils incarnent une approche dogmatique de prêt à penser durable qui ne correspond plus à la société moderne.
Pour l'essentiel, les partis politiques traditionnels c'est quoi ? Dans la forme : un uniforme. Le costume cravate qui est supposé être le faire part d'honorabilité pour représenter autrui. Sur le fond, une charte de doctrine à reprendre méthodiquement supposée être la clef d'analyse de la société et surtout le guide des solutions à venir. Ces deux socles ne correspondent plus aux sociétés occidentales modernes. Même en France, l'habit ne fait plus le moine. Le costume cravate peut cacher des délinquants machiavéliques. Et la société va tellement vite que chercher à la prévoir est d'une arrogance considérable. Avec beaucoup de bon sens, la société attend autre chose. Elle est en attente de vie réelle. De vrai ! En conséquence, elle demande de toujours mieux connaître les candidats au-delà des apparences officielles, au-delà des "habits du dimanche". Et surtout, elle exige des solutions concrètes, immédiates et non pas l'application d'un corpus de pensées déconnecté des impératifs du moment.
Ce sont des candidats de ce type qui assurent actuellement la résilience du Parti Démocrate aux Etats-Unis. La victoire de Conor Lamb en est l'illustration la plus récente et manifeste. C'est par la base qu'un parti peut rebondir et non pas par le sommet. Attendre du sommet les réponses, c'est être à contre-sens. C'est d'ailleurs toute la difficulté actuelle du parti En Marche en France. Il est né du refus du système lors de la présidentielle. Mais il se calque sur le système dans son organisation parlementaire. Certes, il y a la circonstance atténuante du non cumul des mandats qui fait désormais des parlementaires des "élus hors sol" : ils n'ont plus le pouvoir ni à Paris ni en Province. A Paris, ils sont tenus par la discipline des partis. En Province, ils sont faibles face aux "grands féodaux" à la tête des puissantes collectivités.
C'est probablement l'erreur de fond de l'actuel PS. Toujours rester dans le modèle d'hier : l'organisation pyramidale. La désignation d'un chef. Le premier à avoir en France introduit ce débat de fond c'est Hervé Mariton lors de la primaire pour désigner le profil du responsable de l'UMP. Il était le seul à exposer une logique de manager de parti, de chairman à l'américaine. Une fois de plus le débat de fond n'a pas été livré. Tant que cette évolution ne sera pas intégrée, le rebond des partis politiques classiques sera renvoyé à d'autres échéances. Mais finalement, leurs leaders s'en contentent car ils visent d'abord à mettre la main sur le coffre fort que représentent les partis avec le mode de financement public à la française.