Cheri Bustos et le premier vrai tournant de la campagne 2018
En novembre 2016, seulement une petite douzaine de candidats démocrates ont été capables d'inverser positivement les scores d'Hillary Clinton. Dans l'Illinois, à la frontière de l'Iowa, dans des territoires confrontés à des circonstances économiques très difficiles, un "phénomène" suscite les questions : Cheri Bustos.
Cette candidate Démocrate à la Chambre des Représentants a réalisé des scores de 60 % dans des comtés où, le même jour, pour la présidentielle, Trump réalisait lui aussi un score de ... 60 %. Une différence de 20 points entre le "socle" donné par la présidentielle par Clinton et le score de Cheri Bustos, c'est à dire un écart considérable.
Après chaque présidentielle perdue, chaque état-major procède à une expertise du score. Comment interpréter l'échec ? Comment corriger le tir ? C'était le sujet à l'ordre du jour du Parti Démocrate au premier trimestre 2017. Tous les regards sont alors tournés vers Bustos (cf articles d'Exprimeo à cette époque) : comment interpréter son score ?
Cheri Bustos délivre alors son analyse de la victoire de Donald Trump :
1) Cette Amérique profonde c'est le cumul de l'Amérique qui a mal et celle qui a peur d'avoir mal très prochainement.
2) C'est une Amérique des frustrations donc des colères. La première des colères est dirigée contre les élites incapables d'avoir prévu la crise mais surtout incapables d'assurer la sortie de crise.
3) Cette Amérique de Trump n'est surtout pas celle de Reagan. L'Amérique de Reagan était persuadée d'être puissante et vivait la présidence Carter comme une parenthèse de fausse fragilité. L'Amérique de Trump pense être fragile pour de bon dans une mondialisation qui se fait sur son dos. L'Amérique de Reagan était impérialiste, gendarme du monde. L'Amérique de Trump est protectionniste. Gendarme pour la défense de ses seuls intérêts.
Sur cette base, Cheri Bustos c'est d'abord la réconciliation avec cette Amérique des laissés pour comptes. Pour se réconcilier, la recette de Cheri Bustos, c'est la proximité, donc le terrain et des propositions toujours directement liées à la vie quotidienne, immédiatement concrétisables. Donc lisibles facilement par les bénéficiaires potentiels.
Et sans tamtam, l'analyse de Cheri Bustos a été reprise par de très nombreux candidats d'ailleurs pas exclusivement Démocrates. Proximité, terrain, concret, quotidien gagnaient leurs galons. Elites, vedettes, washington, grandes idées abstraites lointaines passaient au grenier. La campagne 2018 venait de vivre son premier virage et les actuelles primaires confirment ce virage. Malheur à ceux qui l'ont manqué ...