Mitt Romney et la stratégie générale de l'évitement
L'officialisation du retrait de Paul Ryan pose une fois de plus une question simple mais fondamentale : comment traiter une radicalisation profonde de l'électorat du Parti Républicain ?
Depuis 2012, le sujet de fond n'a jamais été traité. Quand en 2010, le Tea Party naît, beaucoup d'observateurs croient à un feu de paille. Mais c'est le début d'un feu de prairies. Le Tea Party a effectué deux étapes décisives :
1) l'étape de la victoire des idées : les radicaux ont gagné la bataille idéologique,
2) l'étape de l'entrisme : ce fut le choix stratégique majeur de Donald Trump en 2016 lorsqu'il signe l'accord selon lequel sa candidature se situera dans le cadre du Parti Républicain. Si au pays du bipartisme, le Tea Party avait décidé de rester à l'écart du Parti Républicain, il aurait probablement plafonné assez rapidement à 10 % au plus. Mais il a fait le choix de l'entrisme au sein du Parti Républicain. Et comme ses forces militantes sont les plus mobilisées, "ses" candidats remportent des victoires lors des primaires.
Dans le même temps, le Parti Démocrate vit le vide idéologique. Par conséquent, les candidats font du terrain, personnalisent leurs engagements mais se détachent de toute référence à un programme fédéral commun. Ils n'invitent pas des leaders fédéraux. La campagne est entièrement localisée.
Du côté des candidats Républicains, même tactique. Même un candidat comme Mitt Romney qui avait tenté de faire vivre une débat idéologique en 2016 y a renoncé en 2018. Persuadé que cela pouvait le conduire à la défaite. La priorité étant l'élection, il a lui aussi choisi l'évitement.
C'est une campagne faite de "multi-campagnes" qui va donner un résultat vouant à des assemblées très difficiles à gérer puisque les candidats élus auront la conviction juste que leur victoire a été individuelle. Une réalité qui explique pour une grande partie la décision de Paul Ryan. Comment gérer des assemblées avec autant de candidats 'individuels" ?