UFC Que Choisir et son regard annuel stupéfiant sur la comparaison des prix de l'eau
Comment un organisme qui se veut aussi sérieux que UFC Que Choisir peut-il s'entêter à publier chaque année un classement aussi folklorique des prix de l'eau ? La sagesse populaire dit "comparaison n'est pas raison". Mais là, comparaison est par définition déraison.
La nature est inégale. Comment le prix de l'eau pourrait-il être naturellement unique ? Comment mettre à égalité une Commune qui doit beaucoup investir pour accéder à des nappes d'alimentation en eau et une Commune richement dotée en eau par la nature ? Comment considérer que le prix de l'eau peut être jugé en étant déconnecté de l'investissement sur les réseaux et les réservoirs ? Comment penser pouvoir mettre à égalité une Commune de montagne avec une faible population en été et une Commune de Provence qui doit accueillir des dizaines de milliers de touristes au moment où son alimentation naturelle en eau est la plus fragile ? Et la liste des comparaisons impossibles pourrait durer très longtemps.
Comment un organisme comme UFC Que Choisir peut-il "faire sérieux" en enlevant le prix de l'eau à toutes les références de gestion de la ressource en eau ? C'est totalement fantaisiste.
Le plus grave n'est pas seulement dans la perte de crédit technique d'UFC Que Choisir, c'est dans la suspicion que cette comparaison fait peser sur des élus qui investissent pour l'eau. La bonne gestion de l'eau pourrait se réduire au bas prix de l'eau. C'est une hérésie absolue. Aucune personne compétente ne peut défendre une telle absurdité. Surtout au moment où la France est un très mauvaise élève par exemple dans l'entretien de ses canalisations. Or des canalisations fuyardes c'est du gaspillage de la ressource en eau mais aussi une fragilité de l'eau du robinet par son exposition potentielle à des pollutions diverses. Non seulement le classement d'UFC Que Choisir ne résiste à aucune analyse sérieuse mais en plus c'est un "boomerang pédagogique" qui revient dans la figure de ceux qui font un effort sérieux dans le temps. Face aux dépenses démagogiques qui se voient en permanence, il faut du courage politique pour investir dans des canalisations qui ne se voient pas. Mais en plus une fois par an, sur la base de classements folkloriques de ce type, c'est s'exposer à des remarques désobligeantes sur la gestion du service de l'eau pour les gestionnaires qui investissent.
La tradition française d'excellence de l'école de l'eau est déjà déstabilisée par de nombreuses mesures, ce classement annuel pittoresque ajoute de la dérision là où l'approche pédagogique sérieuse gagnerait à compter sur davantage d'artisans.