1968 : Robert Kennedy et les 10 derniers jours de sa dernière campagne
Le numéro 1 006 de Paris Match du 17 août 1968 comprend 14 pages sur la mort de Robert Kennedy. Probablement l'une des meilleures synthèses sur la "famille qui répond au chagrin par le mouvement" pour reprendre l'un des résumés de cet article.
La relecture de ce "numéro spécial" est très instructive. Il faut toujours croiser les regards de l'instant et ceux du recul. La bonne synthèse est souvent à ce prix.
Ce regard de l'instant met en relief quatre enseignements majeurs. 1) La violence terrible de l'époque : Cuba + Vietnam + chocs raciaux + commissions parlementaires sur la mafia ... : le calme semble étranger dans la vie politique américaine.
2) Les controverses qui entourent les Kennedy. Même l'arrivée de Robert Kennedy dans une circonscription historiquement Démocrate à New York donne lieu à des polémiques terribles. On est loin de l'image consensuelle qui s'est progressivement imposée avec le temps comme celle d'une rock star de la politique devant laquelle le tapis rouge de bienveillance aurait été déployé.
3) Déjà les "deux partis Démocrates" : celui des côtes aisées (Kennedy) face au parti rugueux de l'intérieur (Johnson). Deux approches qui semblent irréconciliables.
4) La campagne électorale très difficile de Robert Kennedy. Tout va se jouer en Californie. L'Oregon vient d'être mauvais. Il ne s'attendait pas à cette défaite. Comme, à l'inverse, il s'attendait quelques jours plus tôt à perdre dans le Nebraska mais il a ...gagné. Ces derniers temps, son discours a beaucoup changé. Il est humble. Il reprend souvent une formule "Aidez-moi. Nous gagnerons la nomination, puis l'élection de novembre et ce sera un jour nouveau pour l'humanité". Et auprès de ses proches, il avait une formule terrible "si je suis si pressé c'est que les Kennedy ne sont pas des hommes à vivre longtemps" ...
Il y a 50 ans, les 10 derniers jours de la dernière campagne de Robert Kennedy allaient débuter.