Kristi Noem ou le passage du "troisième homme" à la ... "première femme"
Le dégagisme frappe la vie politique américaine de façon totalement inédite. Ce dégagisme aurait pu prendre le visage du "troisième homme", celui qui est neuf, qui n'a pas appartenu aux cercles politiques que l'opinion veut sanctionner. Bref, ce thème du "troisième homme" si présent dans la vie politique française. Mais, à chaque vote, le virage est considérablement plus radical, c'est la recherche de la "première femme".
Pour expliquer ce phénomène, dans la vie politique américaine, il faut compter avec des faits ponctuels : #MeToo, le machisme caricatural de Donald Trump ...
Mais il y a des faits plus profonds.
D’une part, le décalage entre les repères traditionnels des politiques de 1er plan et la société est aujourd’hui quasi-total. Les premiers ne parlent pas comme la seconde. Tout est en décalage. Le 1er terme ci-dessous est celui utilisé par les responsables politiques. Le second est celui attendu par la société. Le décalage est édifiant :
- collectivité / individu,
- travail / bien être,
- religion / protection familiale,
- efforts / équilibre,
- certitude/ doute,
- optimisme / angoisse,
- croyance / réalités,
…
Cet décalage crée un espace. Comme ce décalage est plus important que jamais, il est aussi exact que cet espace est donc plus grand que d’ordinaire.
Le second repère est que l’ambiance actuelle est aux valeurs féminines. Dans un monde d’angoisses et de précarités, la recherche d’harmonie appelle des concepts, des mots, des attitudes plus proches des valeurs féminines traditionnelles.
De la conjugaison de ces deux facteurs résulte un réel créneau pour les femmes dans la vie politique actuelle.
Les primaires américaines 2018 deviennent ainsi le tremplin du "temps des femmes". En sera-t-il de même pour la vie politique française ? Avec le lancement des municipales, ce sera un marqueur concret, actualisé. Si c'est le cas aussi en France, la présidentielle 2022 changera alors de profil comme aux Etats-Unis pour 2020.
Dans le Dakota du Sud, Kristi Noem n'est revenue dans la course avant de gagner amplement sa primaire qu'en redevenant ce qu'elle avait été au moment du lancement de sa carrière : une femme mère de famille. Et pourtant, son concurrent était un "troisième homme", neuf, pas sortant de la fonction convoitée. C'est en retrouvant son look, ses mots, ses photos, ses repères partagés ... que Kristi Noem a refait son retard puis la course en tête. Et il en est de même dans tant d'autres circonscriptions électorales. Il vaut mieux être la "première femme" que le "troisième homme". Et l'assumer totalement. Un changement majeur !