A moins de 600 jours des municipales, l'agglomération grenobloise face aux majorités perdues

Les élections municipales 2020 s'annoncent particulièrement imprévisibles dans l'agglomération grenobloise. Depuis 2014, c'est la course aux ... majorités perdues, ce qui a installé une précarité politique inédite.

Aline Kozma 2 28 07 18

Avant 2014, l'agglomération grenobloise c'était une forte stabilité politique. Pendant un cycle de 12 ans, la droite a le pouvoir. Puis pendant 18 ans, le PS a le pouvoir. Un pouvoir qui, par effet de dominos, est détenu pendant ces cycles par une même formation politique à Grenoble, dans l'agglomération et dans le Département de l'Isère. En 2014, ce rythme électoral là prend fin.

C'est en effet le cycle des ... majorités perdues qui s'ouvre.

Le PS perd localement toutes ses majorités locales : Grenoble, agglomération, Département, Région.

Puis c'est au tour de la Droite de perdre les nouvelles majorités qu'elle convoitait. A partir de 2014, la Droite locale surfant sur le discrédit historique de François Hollande pense que la présidentielle est imperdable et que dans la foulée immédiate elle gagnera 8 sur 10 des circonscriptions législatives. A la sortie de l'été 2016, en pleine course locale fictive des ministrables de la droite locale, s'installe même le sentiment d'un dix sur dix. Mais la présidentielle perdue, ce sera ... zéro sur 10. Aucun député de droite. Bien davantage, la droite ne capitalise même pas sa percée des municipales 2014 aux sénatoriales. Elle stabilise seulement son score antérieur : 2 sénateurs sur 5.

Ce cycle des majorités perdues peut-il perdurer ?

5 marqueurs méritent l'attention. 1) Grenoble : la compétition semble s'ouvrir sur une base tripartite : Eric Piolle / Alain Carignon / Emilie Chalas. Ce sont les trois forces naturelles en présence. Il faudrait donc une accélération soudaine de candidatures pour troubler la donne. A ce jour, ce n'est pas le cas du moins officiellement. Sur ces bases, l'inconnue réside dans la capacité à ce que la liste LREM attire du centre-gauche et du centre-droit. C'est ce potentiel de "nouvelle donne" qui décidera des rapports de forces.

2) Dans le reste du département, la droite part avec un socle politique dévalorisé de près de 20 points. Le socle était de 37 % en 2013 là où il est de 17 % désormais. C'est dire sur l'ampleur de la valeur ajoutée nécessaire liée aux bilans pour des candidats de droite pour rester en situation de gagner. Cette érosion considérable va entrer en choc avec deux autres forces : la majorité présidentielle sera-t-elle capable de réussir ses implantations locales ? En Isère et tout particulièrement dans l'agglomération grenobloise, rien n'est acquis à ce jour en la matière. La seconde force, c'est le dégagisme. Jusqu'où cette vague prendra-elle corps localement pour fragiliser les sortants ? Elle a déjà frappé à Grenoble en mars 2014. La victoire d'Eric Piolle avec l'image d'abord du cadre supérieur techno-écolo a été celle du dégagisme face aux appareils politiques sortants. Le candidat d'alors du dégagisme cassait tous les codes du système sortant : du look aux compositions de majorités.



Cette tendance existera-t-elle aux municipales de 2020 sur Grenoble ? Le jeu peut être plus fermé faute de moyens financiers d'entrants potentiels ? Sur la périphérie, le dégagisme peut être plus impactant. C'est le créneau d'un collectif le Cercle du Sud Grenoblois qui progressivement capitalise des causes locales sur des bases autres que les rapports politiques anciens. Co-présidé par deux jeunes leaders dynamiques, Aline Kozma et Claude Soulier, c'est un collectif où sont parvenues à se rencontrer des personnalités de sensibilités différentes parfois même hier opposées. La périphérie peut être le nouveau territoire du dégagisme local ?

Aline Kozma 2 09 11 17

3) Ce d'autant plus que les sortants manquent de visibilité pour leurs bilans. Comprendre les étages locaux du "qui fait quoi" c'est désormais comme ouvrir un dictionnaire chinois. Plus personne n'y comprend rien. C'est probablement le plus grand "succès" des élus sortants que d'avoir mis autant d'imagination pour compliquer la lisibilité des actions. Mais aujourd'hui cette pratique s'avère un terrible boomerang. A ne plus rien comprendre, la tentation est grande de jeter tout le monde avec l'eau du bain.

4) Dans le sud de l'agglomération, l'urbanisation densifiée va modifier les frontières classiques. Comme sur Vif, le scandale sanitaire de l'eau polluée. Ou sur St Paul de Varces où les démissions à répétition font que le Conseil Municipal tient à la grâce de ... l'opposition municipale.

5) Il reste enfin à apprécier l'impact de l'insécurité qui s'est beaucoup invitée dans des Communes inhabituelles. Le Rassemblement National se structure désormais surtout sur le Nord Isère. Mais même sans des leaders de proximité, il reste dans le cadre urbain un vote qui compte en Isère. Fait nouveau, il faudra surveiller attentivement si la présence professionnelle de Marion Maréchal sur Lyon s'accompagne d'une implication électorale de sa part dans le Nord Isère, c'est à dire dans le proche voisinage de Lyon, ce qui pourrait donner des bonifications locales significatives.

A moins de 600 jours du scrutin, le jeu s'annonce très ouvert dans de très nombreuses localités.

  • Publié le 28 juillet 2018

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