La planète a davantage besoin de nombreux Yvon Chouinard que de ministres alternatifs
La démission de Nicolas Hulot en France a suscité une fièvre politique propre à ce pays. Ailleurs, cette opération a fait flop. Pourquoi ? Dans les principaux pays, c'est désormais acquis que la planète sera sauvée ou pas non pas par des politiques mais par des privés.
Le plus gros sanctuaire naturel, ce n'est pas un Etat qui l'a bâti mais des privés : le couple Tompkins.
Chaque année, une société comme Patagonia fait davantage que des actions publiques gouvernementales.
Une réalité liée à quatre raisons :
Tout d’abord, à force de parler de « grands chantiers planétaires » le citoyen est peu responsabilisé dans son comportement quotidien par les responsables politiques. La sauvegarde de la planète devient le défi de l’autre alors même que ce devrait être un enjeu de proximité et de responsabilité citoyenne au jour le jour et pour chacun. A l'opposé de cette situation, ces sociétés privées font. Elles agissent. Concrètement.
Second facteur, en politique, la mobilisation n’intervient jamais sur des chantiers précis avec des repères chiffrés pouvant être suivis dans la durée. Le débat retombe trop vite dans la quête des paradis perdus. C'est flou et surtout c'est fluctuant dans le temps. A l'opposé, le privé qui a une vision, il la maintient dans le temps. C'est donc efficace.
Troisième facteur, le politique est tenu par une logique égalisatrice qui parsème : le parti pris du « tous pareils ». Or, la nature est inégale. La politique conduite doit reconnaître cette diversité. Les actions doivent être hiérarchisées en fonction de la sensibilité des territoires à la pollution, de la richesse et/ou de la fragilité de chacun des milieux récepteurs. Le privé retient des causes. Il accepte la sélection. C'est très ciblé.
Quatrième facteur, la crise écologique doit s’installer dans l’esprit de tous. Le réflexe écologique doit s’installer maintenant dans la pratique de chacun. Car tout au long des dernières années, notre planète a d’abord été malade de l’homme. Par leurs actions de communication, ces sociétés planétaires ont une puissance de frappe mondialisée qu'aucun Gouvernement ne peut activer sur le plan international. Patagonia, Orvis, The North Face ... font davantage pour la planète que des ministres isolés à l'échelle de leur Etat.
La planète a davantage besoin de nombreux Yvon Chouinard que de ministres alternatifs à l'érosion accélérée. Ce sont des sociétés de ce type avec des fonds d'investissements puissants introduisant une "logique verte" différente que la planète peut être sauvée. L'enjeu : combien d'Yvon Chouinard et de Douglas Tompkins sont prêts à se lever et à se mobiliser avec détermination ? C'est la véritable interrogation.