Tony Blair s'approche de son départ
Tony Blair vient de vivre son dernier rendez-vous européen en qualité de Premier Ministre Britannique. Il s'apprête à céder le pouvoir à Gordon Brown.
Tony Blair a indiscutablement marqué le mouvement travailliste et bien au-delà. Il était un indiscutable spécialiste de la communication et des campagnes électorales.
Mai 1997 : l'Europe découvre un jeune premier ministre britannique qui vient de mettre un terme à un record historique de Gouvernement conservateur. Il est toujours souriant, apparaît frais et innocent. Sa victoire ne doit pour autant rien au hasard ou aux bonnes fées. Il l'a conquise à la force du poignet en prenant le meilleur des avancées américaines dans les techniques de communication.
Sa victoire est d'abord celle d'un remarquable professionnel préparé comme "pour un débarquement" selon la formule en vogue à Londres à cette époque.
A l'approche des élections, son parti "New Labour" a installé Excalibur. C'est un superordinateur qui en 30 minutes met en évidence les contradictions des concurrents, les votes emblématiques, les déclarations enflammées?
Derrière ce nom barbare figure surtout une méthode qui a intégré toutes les avancées en matière de communication moderne.
Voilà quelques unes des mesures adoptées à cette époque. Tout d'abord, grâce à la qualité de la démocratie britannique, un shadow cabinet a été constitué. Les secrétaires généraux des principales administrations ont été autorisés à venir exposer les principaux dossiers et répondre aux questions.
Sur cette base intégrant des contraintes légitimes de gouvernement, le programme a été construit en faisant appel aux productions de think tanks. Ces clubs de réflexion privés ont planché sur des sujets politiques très pointus.
Le service communication a alors bâti le programme du leader travailliste en "nourrissant la presse" en permanence. Cette "méthode Deaver" consiste à planifier l'information pour ne jamais se retrouver en position défensive face aux médias. Une matière choisie lui est ainsi donnée comme sujet quotidien de traitement. C'est l'inversion du système.
Deuxième point majeur, dans cette matière, tout repose sur l'image. L'image prime toujours. Quand il y a choc entre l'oeil et l'oreille, les études montrent que l'oeil l'emporte systématiquement. Le spectateur retient ce qu'il a vu infiniment plus que ce qu'il a entendu. Tout le professionnalisme consiste à ce que l'image porte le bon message au bon moment pour les bonnes cibles.
Chaque relais de la campagne dont les candidats aux législatives est équipé d'un pager et d'un fax. Chaque demi-journée chacun d'entre eux reçoit les messages du jour à délivrer à la presse, aux opposants?
Sur le plan général, des sondages quasi-quotidiens garantissent la vérification en temps réel de l'opportunité des actions conduites.
Le "mythe Blair" était né.