Les gilets jaunes ou la naissance d'un Tea Party à la Française ?
Les gilets jaunes marquent peut-être la naissance d'un Tea Party à la Française ? Le parallèle avec la situation américaine de 2010 mérite l'attention.
Le Mouvement Tea Party a créé un univers visuel très strict aux Etats-Unis en 2010 : le monde des prairies face au monde des immeubles. C’est également un univers visuel qui valorise le contact direct et non pas les intellectuels. La mode des prairies, c’est aussi le rejet de la classe politique victime d’une suspicion généralisée sur ses compétences, sur son utilité, sur son honnêteté.
Cette logique est d’abord un refus de l’Etat providence qui impose toujours plus, qui légifère toujours davantage. Mais c’est bien au-delà, l’expression d’un mouvement populaire qui ne se sent plus représenté par les politiciens démagogues et profiteurs.
C’est une logique de l’Etat minimum, qui redécouvre la « société libre ». La « société libre » c’est la société de proximité. Tout ce qui est éloigné est coupé des réalités. C’est un monde présenté comme sans âme dirigé en réalité par des bureaucrates éloignés du réel.
Il faut donc s’éloigner de Washington pour revenir à la source, à la base, au réel. La Capitale fédérale est mauvaise, corruptrice, matérialiste, violente. En revanche, le bourg est harmonieux. Il y règne les bonnes moeurs, le bon voisinage, la solidarité de proximité.
Fondamentalement, l'esprit Tea Party c'est le cumul de deux socles :
- la logique des "bons citoyens contre la mauvaise élite",
- la sanction du politiquement correct supposé ne plus correspondre avec la vraie vie de tous les jours.
C'est le climat qui s'installe en France avec les gilets jaunes.
Simplement, ce climat a en France des traductions différentes des Etats-Unis. Aux Etats-Unis, il s'agit de sanctionner l'élite qui bride les libertés individuelles, qui augmente le pouvoir fédéral donc les impôts à terme.
En France, il s'agit de sanctionner l'élite qui ne met pas en oeuvre une "égalité juste", qui favorise excessivement les pouvoirs économiques les plus forts.
Les sujets d'applications changent mais l'esprit de la revanche du citoyen "de base" est le même.
C'est le constat que le "système non seulement ne marche plus mais que surtout il ne doit plus marcher comme aujourd'hui".
Cette culture de l'anti-système s'installe et va modifier la donne de façon importante.
L'esprit n'est plus à la réforme mais à l'indignation révoltée.
Il n'est plus à la modification à la marge mais au toilettage d'ampleur.
Le symbole n'est plus la table ronde de la discussion mais le balai. C'est un autre discours et une autre logique de propositions. Un possible vrai tournant après l'alerte de 2017