Alexandria Ocasio-Cortez et le défi des anti-systèmes
Il y a toujours un moment où des élus ayant incarné une offre d'anti-système sont confrontés à un défi de fond : comment rester anti-système en étant dans le système ? Le défi de fond d'Alexandria Ocasio-Cortez comme d'un grand nombre de femmes qui ont effectué ce jour leur entrée à la Chambre des Représentants.
Les anti-systèmes aux Etats-Unis sont nés en 2010 avec le Tea Party. Ils ont révolutionné le Parti Républicain. Le dégagisme le plus absolu est intervenu en 2016 avec la victoire de Donald Trump à la présidentielle.
Avec la nouvelle génération Démocrate, c'est au tour du Parti Démocrate de devoir vivre un choc interne avec une génération plus radicale. Deux hypothèses : ou cette jeune génération se fait intégrer par le système et elle aura des comptes à rendre à son électorat déçu. Ou elle va devoir trouver les moyens de rompre avec le système en lui imposant des réformes fortes. Mais encore faut-il les trouver ? Et surtout encore faut-il trouver une majorité pour les appliquer ? Deux étapes délicates.
En France, le premier "gilet jaune" n'a-t-il pas été Emmanuel Macron ? Rupture de ton. De méthode avec la grande marche. De cursus sans aucun mandat électif préalable. Mais une fois au pouvoir : que fait-il de différent par rapport à ses prédécesseurs ? Quelles mesures de disruption perceptibles pour l'opinion ? Faute de tels messages, il est débordé au peuple et le dégagisme dont il a bénéficié se retourne contre lui avec encore plus de violence.
Alexandria Ocasio-Cortez et la nouvelle génération des femmes vont faire face à une épreuve redoutable. Si elles parviennent à trouver les moyens de rester anti-systèmes dans le système, elles passeront un message fort bien au-delà de la seule démocratie américaine. Le vrai rendez-vous de la session du Congrès.