Joe Biden toujours à la recherche d'un récit pour 2020
Il n'y a pas de présidentielle américaine réussie sans un récit clair permettant de clarifier aux yeux de l'opinion la raison de la candidature et la promesse collective de la victoire éventuelle.
Pour le moment en dehors de Bernie Sanders, aucun autre candidat n'offre encore un récit clair. Pour Bernie Sanders, le récit est simple : celui de la radicalité qui a guidé tout son engagement public. En 2016, il est passé près de la désignation. 2020 peut être celui du vrai choix. Pour Elizabeth Warren, l'offre de Bernie Sanders obscurcit son récit. Elle veut occuper la radicalité. Mais en quoi sa radicalité peut-elle se différencier de celle de Bernie Sanders qui est la "marque d'origine" ? Pour le moment, elle n'arrive pas à trouver une valeur ajoutée perceptible en dehors de quelques surenchères ponctuelles.
Pour les autres candidats sur ce créneau, ils arrivent en troisième rideau. Leur visibilité devient quasi impossible, ce qui est la difficulté majeure de Beto o'Rourke.
Face aux "radicaux", il y a les modérés dont le leader Joe Biden. Il a clarifié les raisons de sa non candidature 2016 : les soucis familiaux. Mais que peut-il apporter en 2020 de plus que ce qu'il a vécu de 2008 à 2016 comme VP de Barack Obama ? Quels nouveaux projets ? Pour ce qui concerne Kamala Harris, elle est en train de se faire enfermer dans un piège redoutable : ne serait-elle pas le bon profil pour le ticket aux côtés de Biden ? Des exemples de ce type sont intervenus : John Edwards auprès de John Kerry, Joe Biden auprès de Barack Obama : concurrents pendant la primaire mais co-listiers pendant le duel final. Mais encore faut-il que les profils se complètent. Edwards apportait à Kerry les classes moyennes. Biden apportait à Obama l'expérience politique. Que peut apporter Kamala Harris à Biden en dehors du fait d'être une femme ? Pour le moment faute de récit, la primaire fait du surplace. A ce rythme, elle pourrait rapidement lasser et manquer du souffle nécessaire.