Philippe Martinez et la crise syndicale française
Par la loi du 21 mars 1884, les syndicats français entraient dans la légalité républicaine.
Depuis quelques années, le syndicalisme, plus que centenaire, accuse un indiscutable « coup de vieux » en France.
Pris de court par la crise, bousculés par les plans d’austérité et la détérioration de leur image, gênés par la montée de l’individualisme et celle des catégories moyennes, les syndicats ne se portent pas bien en France.
Conçus initialement comme des organisations prenant en charge la défense d’intérêts particuliers, ils sont aujourd’hui quasi systématiquement perçus comme des nids de politisation voire de combats d’arrière-garde.
Alors qu’en est-il réellement ? L’impasse dans laquelle se trouvent les syndicats est-elle le résultat du renouvellement social et culturel provoqué par une société en crise ? Est-elle l’aboutissement de conditions de travail bousculées par l’introduction de nouvelles technologies ?
Le syndicalisme français est trop politisé ; employeurs et salariés sont d’accord là-dessus.
La vraie mission du syndicalisme est la défense des intérêts des salariés, non pas la promotion d’un type de société. Il est vrai que l’inextricable imbrication du politique, de l’économie et du social (l’entreprise est de plus en plus impliquée dans son environnement) rend difficile le maintien des frontières traditionnelles entre le rôle du parti politique et celui du syndicat. C'est la force actuelle de la CFDT, ne plus être accolée à un PS moribond. C'est la faiblesse de la CGT que d'apparaitre désormais très proche de l'ultra gauche notamment mélenchoniste. Et Philippe Martinez peine à trouver une rhétorique propre.
D’autres évolutions marquent le syndicalisme. C’est le cas des évolutions technologiques comme de la mondialisation.
C’est vrai, la crise économique et les formes nouvelles d’organisation du travail bousculent les terrains traditionnels des syndicats.
L’accélération des mutations technologiques et les nouvelles formes d’organisation du travail qu’elles entraînent ont de lourdes conséquences sur le syndicalisme lui-même.
Dans tous les domaines d’activités, l’informatique, la micro- électronique, interviennent dans les fonctions de l’esprit humain et modifient les relations sociales. Les nouvelles technologies dévalorisent les qualifications traditionnelles et entraînent des relations différentes.
Ces nouvelles circonstances économiques entraînent de nouvelles exigences pour les syndicats.
Les syndicats sont de plus en plus mal à l’aise dans une société de moins en moins industrielle et de plus en plus tertiaire.
Le conflit des retraites renforcera-il le syndicalisme en France ou marquera-t-il le "chant du cygne" ? C'est tôt pour le dire mais lorsque la facture globale de la grève actuelle sera dressée, pas sûr que les syndicats jusqu'auboutistes en sortent grandis ...