Les élections municipales 2020 seront-elles celles de la disruption ?
L'élection de 2017 a été celle de la disruption. D’où ce climat très dégagiste pour les “vieux partis”. Mais après l’élection d’Emmanuel Macron sur la base de cette promesse de vraies ruptures, le système a donné le sentiment de reprendre le pouvoir.
Les parlementaires semblent incapables de faire vivre une autre démocratie représentative nationale. Les détenteurs du pouvoir avancent au rythme du sujet, du verbe et du compliment devenus la phrase de l’entre soi que l’opinion exècre. Le Président français passe beaucoup de temps à l’international comme si les sujets domestiques n’avaient pas été le socle du contrat de la présidentielle. Et sur les sujets domestiques, c’est toujours le même refrain : un projet = une nouvelle imposition supplémentaire. L’enjeu est de savoir qui en seront les victimes ?
Chaque mandat qui maltraite le coeur du contrat qui a fondé une élection se termine mal.
Aujourd’hui, le coeur du contrat est malmené. La disruption n’est pas au rendez-vous. Or, elle avait fondé le divorce avec les “vieux partis”. Et par voie de conséquence le succès d’Emmanuel Macron et d’En Marche.
Cette disruption si désirée serait-elle impossible en France ? Ce peut être l’enjeu des élections municipales de 2020. La situation est assez comparable à celle de 1983. A cette époque, la France de François Mitterrand est en crise profonde. Les premières municipales de la décentralisation vont être le souffle d’un nouvel équilibre. Une vague considérable déferle. Pas seulement une vague politique d’opposition au pouvoir national. Mais surtout une vague de nouveaux styles : jeunesse, dynamisme, innovation …
C’est le même schéma qui peut se préparer pour 2020. Sur le plan national, un choc politique considérable est intervenu au printemps 2017. En 1981, c’était la première véritable alternance de la Vème République au sein de ses forces politiques traditionnelles ! Là en 2017, c’est la première alternance qui marque la défaite de tous les partis qui ont fait la Vème République. Mais cette alternance ne produit pas à ce jour les effets concrets attendus.
Les parlementaires d’En Marche, privés de collectivités locales, sont manifestement à la peine en matière d’enracinement.
Les enjeux essentiels de la vie quotidienne ont peu changé voire pas du tout : insécurité, chômage, quartiers en perdition …
Bien davantage, la “popularité” du Gouvernement est assurée par la droite. Mais la droite est très réactive sur un enjeu fort : les identités. Si la droite devait retirer son soutien pour ce motif face à une logique trop “laxiste”, c’est un trou d‘air considérable qui est aujourd’hui annoncé dans les actuels sondages d’opinion.
C’est très difficile de citer aujourd’hui une rupture positive intervenue qui soit lisible consensuellement comme le marqueur d’une valeur ajoutée liée exclusivement à l’élection de mai 2017. Le seul marqueur qui s’en rapproche le plus, c’est d’avoir conduit à une pré-retraite des générations de responsables politiques que l’opinion ne supportait plus manifestement : depuis les “éléphants du PS” jusqu’aux frondeurs en passant par une génération de droite qui a trouvé le moyen de battre le record de perdre “l’élection … imperdable” selon leurs propres appréciations.
Il reste à définir ce que peut être une “disruption locale” ? Les moyens financiers sont maigres au niveau des collectivités locales. Donc le temps des projets ambitieux dépensiers est passé. Les intercommunalités nuisent à la visibilité des actions initialement communales.
4 domaines semblent échapper aux freins :
- La démocratie participative : comment une collectivité locale peut-elle mieux partager le pouvoir avec les citoyens entre deux élections ?
- la transparence numérique : à ce jour, le numérique est très peu mis en oeuvre localement pour avancer vers des informations locales partagées réactives. Les élus sont restés à l’âge du “numérique vitrine du papier”. La vie quotidienne demain sera faite d’applications locales d’un tout autre esprit,
- la baisse de la fiscalité : c’est l’un des échecs actuels majeurs de la présidence Macron : quand la France cessera-t-elle cette permanente course vers le ciel pour ses impositions, taxes, redevances et multiples facettes des prélèvements publics obligatoires ?
- l’environnement : il doit y avoir un espace particulier pour une pédagogie locale nouvelle en matière d’environnement : un urbanisme mieux adapté aux dérèglements climatiques pour éviter les quartiers-fours ou pour prévenir les inondations destructrices y compris avec la reconstruction d’entités de “villages-quartiers” qui permettent de “repayser” tous ceux qui sont dépaysés.
Si les élections locales manquent ce rendez-vous, la France sera alors en droit de penser sérieusement qu’à son tour, après plusieurs autres pays européens, ses prochaines élections nationales seront le choc de doctrines très radicalisées. Finalement, cette formule si disgracieuse de “France d’en bas” peut avoir un objectif haut ...